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Ne veuillez point condamner ma simplesse,
Et jeune erreur de ma folle jeunesse,
Si c’est erreur : mais qui dessous les cieus
Se peut vanter de n’estre vicieus ?
L’un n’est content de sa sorte de vie,
Et tousiours porte à ses voisins enuie :
L’un forcenant de voir la paix en terre,
Par tous moyens tache y mettre la guerre :
L’autre croyant poureté estre vice,
A autre dieu qu’or, ne fait sacrifice :
L’autre sa foy parjure il emploira
A déceuoir quelcun qui le croira :
L’un en mentant de sa langue lézarde
Mile brocars sur l’un et l’autre darde :
Je ne suis point sur ces planettes née,
Qui m’ussent pu tant faire infortunée
Onques ne fut mon œil marri, de voir
Chez mon voisin mieux que chez moi pleuuoir
Onq ne mis noise ou discord entre amis :
A faire gain jamais ne me soumis.
Mentir, tromper, et abuser autrui,
Tant m’a desplu, que mesdire de lui.
Mais si en moy rien y ha d’imparfait,
Qu’on blâme Amour : c’est lui seul qui l’a fait
Sur mon verd aage en ses laqs il me prit,
Lors qu’exerçoi mon corps et mon esprit.
En mile et mile euures ingénieuses
Qu’en peu de tems me rendit ennuieuses.
Pour bien sauoir auec l’esguille peindre
J’usse entrepris la renommée esteindre
De celle là, qui plus docte que sage,
Auec Pallas comparoit son ouurage.
Qui m’ust vu lors en armes fiere aller,
Porter la lance et bois faire voler,