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88. Ils passent les nuits, les jours, les quinzaines, les mois, les saisons et les années, ils passent des moyens Kalpas et des milliers de kôtis de Kalpas à se divertir avec ce char.

89. C’est là l’excellent char, le char précieux, avec lequel les Bôdhisattvas qui se jouent en ce monde, et les Çrâvakas qui écoutent le Sugata, parviennent ici-bas à la pure essence de l’état de Bôdhi.

90. Sache-le donc maintenant, ô bienheureux, il n’y a pas en ce monde un second char, dusses-tu chercher dans les dix points de l’espace, excepté [ces chars que produit] l’emploi des moyens mis en œuvre par les Meilleurs des hommes.

91. Vous êtes mes enfants et je suis votre père, et vous avez été sauvés par moi de la douleur, alors que vous étiez, depuis des milliers de kôtis de Kalpas, consumés par les terreurs el par les maux redoutables des trois mondes.

92. C’est ainsi que je parle ici du Nirvâna [en disant] : Quoique vous ne soyez pas encore parvenus au Nirvâna complet, vous êtes délivrés maintenant de la misère de la transmigration : le char du Buddha est ce qu’il faut rechercher.

93. Et les Bôdhisattvas, quels qu’ils soient, qui se trouvent ici, écoutent tous les règles de la conduite du Buddha, qui sont les miennes. Telle est l’habileté dans l’emploi des moyens dont le Djina dispose, habileté à l’aide de laquelle il discipline un grand nombre de Bôdhisattvas.

94. Lorsque les êtres sont attachés ici-bas à de misérables et vils désirs, le Guide du monde qui ne dit pas de mensonges, leur explique alors ce que c’est que la douleur, c’est là la [première] vérité des Aryas.

95. Et à ceux qui, ne connaissant pas la douleur, n’en voient pas la cause par suite de l’ignorance de leur esprit, je leur montre la voie : L’origine de la douleur des passions, [leur dis-je,] c’est la production [de ces passions mêmes].

96. Anéantissez constamment la passion, vous qui ne trouvez nulle part de refuge ; c’est là ma troisième vérité, celle de l’anéantissement ; c’est par elle et non autrement que l’homme est sauvé ; en effet, quand il s’est représenté cette voie, il est complètement affranchi.

97. Et par quoi les êtres sont-ils complètement affranchis, ô Çâriputtra ? Ils le sont, parce qu’ils comprennent [la vérité de] l’anéantissement ; et cependant ils ne sont pas encore complètement affranchis : le Guide [du monde] déclare qu’ils ne sont pas arrivés au Nirvâna.

98. Pourquoi n’annoncé-je pas sa délivrance à un homme de cette espèce ? C’est qu’il n’a pas atteint à l’excellent et suprême état de Bôdhi. Voici quel est mon désir : je suis né en ce monde, moi qui suis le roi de la loi, pour y rendre [les êtres] heureux.