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NOTES.

CHAPITRE XXVII.

f. 248 b. Voilà ce que dit Bhagavat.] Le texte se sert ici d’une formule consacrée à la conclusion des Sûtras simples ou développés : cette formule est la même dans les livres du Sud que dans ceux du Nord. Mais comme le Lotus de la bonne loi est un Sûtra développé, la formule est ici surchargée de l’énumération des personnages qui ont assisté à l’enseignement du Buddha, tels que les Tathâgatas, les Bôdhisattvas, les Çrâvakas et autres. Pour en faire apprécier la rédaction primitive, je l’emprunterai à un Sûtra simple du Divya avadâna, le Çrôṇa kôṭikarṇa ; elle y est conçue en ces termes : Idam avôtchad Bhagavân âttamanasas tê bhikchavô Bhagavatô bhâchitam abhyanandan. « Bhagavat dit cela, et les Religieux approuvèrent le discours de Bhagavat[1]. » La voici maintenant en pâli, telle que je la trouve à la suite d’un certain nombre de Suttas du Dîgha nikâya : Idam avôtcha Bhagavâ attamanâ tê bhikkhû Bhagavatô bhâsitam abhinandunti[2]. Les deux formules sont identiques, sauf la différence du dialecte ; le lecteur exercé remarquera de plus qu’elles forment une sorte de gâthâ ou de stance libre, du même genre que celle que j’ai signalée plus haut, en examinant la formule par laquelle les textes expriment que Bhagavat ayant terminé un sujet, passé à l’exposition d’une autre idée[3]. Mais la stance qui nous occupe en ce moment est encore moins régulière, sous le rapport de la mesure. La seconde ligne de la rédaction sanscrite est mieux composée que la ligne correspondante de la rédaction pâlie, l’une produisant ˘ ˘ ˘ ˉ | ˉ ˘ ˘ ˉ | ˘ ˉ ˉ, tandis que l’autre donne ˘ ˘ ˘ ˉ | ˉ ˘ ˘ ˘ | ˘ ˉ ˉ ˘, ce qui résulte de la leçon abhinandunti au lieu de abhyanandan ; il faudra cependant remarquer que la syllabe ti, pour iti, ne comptant pas dans la formule, le dernier pied revient à ˘ ˉ ˉ. Dans la première ligne, le sanscrit a l’avantage en ce qui touche les trois premiers mots qui donnent cette mesure ˘ ˘ ˘ ˉ | ˉ ˘ ˘ ˉ, tandis que le pâli a ˘ ˘ ˘ ˉ | ˘ ˘ ˘ ˉ, circonstance que j’ai déjà remarquée sur l’autre formule, laquelle commence par les mêmes mots. À la fin de la première ligne, la rédaction sanscrite le cède à la rédaction pâlie, puisqu’elle donne ˉ ˘ ˘ ˘ ˉ | ˉ ˘ ˘ ˉ au lieu de ˉ ˘ ˘ ˉ | ˉ ˉ ˉ  ; mais la différence n’est pas en réalité aussi grande qu’elle paraît l’être, les cinq premières syllabes étant accumulées en un seul pied, par suite de cette licence ancienne qui paraît fréquemment dans l’Anuchṭubh épique, et dont Gildemeister a rassemblé de nombreux exemples[4].

  1. Çrôṇa kôṭikarṇa, dans Divya avad. f. 12 a.
  2. Mahâli sutta, dans Dîgh. nik. f. 39 b ; Djâliya sutta, ibid. f. 40 a ; Kêvaddha sutta, ibid. f. 58 b ; Mahâpadhânasutta, f. 78 a ; Mahânidâna sutta, f. 81 b.
  3. Ci-dessus, chap. viii, fol. 112 a, p. 395 et 396.
  4. Zeitschrift für die Kunde des Morgenl. t. V, p. 269.