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NOTES.

énumérées plus bas dans notre Lotus même[1] : ce sont la vue divine, l’ouïe divine, la connaissance des pensées d’autrui, le souvenir de leurs existences antérieures, et un pouvoir surnaturel ; je renvoie, pour plus de développement, à la note relative à ce passage du chapitre V, Appendice no XIV.

Grands Çrâvakas.] J’ai cru devoir conserver le titre original de Çrâvaka en le faisant suivre, une fois pour toutes, de sa traduction (Auditeur), parce que ce titre désigne une classe entière de personnes qui joue un rôle important dans les textes buddhiques. C’est le titre général de tous ceux qui écoutent d’ordinaire les enseignements du Buddha, quelques progrès qu’ils aient faits d’ailleurs. Pris au propre, le mot Çrâvaka n’a pas d’autre sens ; et quand les textes du Népâl réunissent ce titre à ceux de Pratyêkabuddha et de Bôdhisattva, ils entendent sans doute, d’une manière générale, tous ceux qui sont les auditeurs d’un Buddha, c’est-à-dire les Bhikchus ou Religieux, y compris les divers ordres dans lesquels on les divise. Mais lorsqu’il s’agit de distinguer ces divers ordres entre eux, le mot de Çrâvaka reçoit une signification spéciale, et il désigne alors le degré inférieur de l’échelle au sommet de laquelle est placé l’Arhat. Il est donc nécessaire pour déterminer exactement la valeur de ce terme, d’examiner avec attention l’ensemble et les détails des textes où il se présente. Quand on voit dans le Lotus de la bonne loi cette énumération si souvent répétée, « les Çrâvakas, les Pratyêkabuddhas et les Bôdhisattvas, » il est bien évident que ces Çrâvakas doivent comprendre les Religieux qui sont parvenus au rang d’Arhat. En effet, comme on ne peut être Arhat sans avoir été Çrâvaka, et que l’Arhat est inférieur au Pratyêkabuddha, il faut pour arriver au titre de Pratyêkabuddha passer par le degré de Çrâvaka ; d’où il résulte que ce dernier renferme l’Arhat, comme le terme général renferme le particulier[2].

Adjñâtakâuṇḍinya, etc.] Les noms de ces Religieux sont célèbres, et on les voit se représenter fréquemment dans les légendes. Ils ont été réunis dans la Section xxie du Vocabulaire pentaglotte, où ils sont joints à d’autres noms, cités également par les légendes, mais qui dans ce Vocabulaire ne sont pas toujours exactement transcrits. Dans le premier nom, Adjñâtakâuṇḍinya, le mot âdjñâta est rendu chez les Tibétains par kun-ches (omniscius), et le reste du nom est simplement transcrit. Cela prouve que le participe âdjñâta doit être pris dans un sens actif, sens que je ne lui connais pas dans le sanscrit classique. Mais d’un autre côté, âdjñata ne pourrait-il pas être une sorte d’altération populaire du sanscrit âdjñâtrĭ, comme djêta l’est de djétrĭ, « vainqueur » ? Ce nom est celui qu’on trouve transcrit dans une note du Foe koue ki, de cette manière, A jŏ kiao tchin ju, où, suivant les autorités chinoises, a jŏ est un surnom qui signifie sachant[3]. J’ai expliqué ailleurs les noms suivants, savoir celui d’Açvadjit, de Vâchpa, de Mahânâman, de Bhadrika[4], de Ma-

  1. Ci-dessous, ch. v, f. 75 a, p. 83, fin.
  2. Voyez encore Introd. à l’hist. du Buddh. indien t. I, p. 296 et suiv.
  3. A. Rémusat, Foe koue ki, p. 310 ; Introduction à l’histoire du Buddhisme indien, tome I, page 156, note 2.
  4. Introd. à l’hist. du Buddh. indien t. I, p. 156, note 2, p. 157, p. 158, note 3, et p. 627.