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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

13. Et les Dêvas frappent les tambours au-dessus de cette terre, et ils font tomber une pluie de fleurs de Mandâra ; et ils m’en couvrent ainsi que mes Çrâvakas et les autres sages qui sont arrivés ici à l’état de Buddha.

14. C’est ainsi que ma terre subsiste continuellement, et les autres êtres se figurent qu’elle est en proie à l’incendie ; ils voient cet univers redoutable livré au malheur et rempli de cent espèces de misères.

15. Et ils restent pendant de nombreux kôṭis de Kalpas sans entendre jamais le nom même de Tathâgata ou de loi, sans connaître une assemblée telle que la mienne ; c’est là la récompense de leurs actions coupables.

16. Mais lorsque ici, dans le monde des hommes, il vient à naître des êtres doux et bienveillants, â peine sont-ils au monde, que, grâce à leur vertueuse conduite, ils me voient occupé à expliquer la loi.

f. 175 a.17. Et je ne leur parle jamais de cette œuvre sans fin que je continue sans relâche ; c’est pourquoi il y a longtemps que je ne me suis fait voir, et de là vient que je leur dis : Les Djinas sont difficiles à rencontrer.

18. Voilà quelle est la force de ma science, cette force éclatante à laquelle il n’y a pas de terme ; et j’ai atteint à cette longue existence, qui est égale à un nombre infini de Kalpas, pour avoir autrefois rempli les devoirs de la vie religieuse.

19. Ô sages, ne concevez à ce sujet aucun doute ; renoncez absolument à toute espèce d’incertitude : la parole que je prononce est véritable ; non, jamais ma parole n’est mensongère.

20. De même que ce médecin exercé à l’emploi des moyens convenables, qui, vivant encore, se dirait mort dans l’intérêt de ses enfants dont l’esprit serait tourné à la contradiction, et de même que ce serait là un effet de la prudence de ce médecin, et non une parole mensongère ;

21. De même moi qui suis le père du monde, l’être existant par lui-même, moi le chef et le médecin de toutes les créatures, quand je les trouve disposées à la contradiction, égarées par l’erreur et ignorantes, je leur fais voir mon Nirvâṇa, quoique je n’y sois pas encore entré.

22. À quoi bon me montrerais-je continuellement aux hommes ? Ils sont incrédules, ignorants, privés de lumières, indolents, égarés par leurs désirs ; leur ivresse les fait tomber dans la mauvaise voie.

23. Ayant reconnu quelle a été en tout temps leur conduite, je dis aux créatures : « Je suis le Tathâgata, » pour les convertir par ce moyen à l’état de Buddha, et pour les mettre en possession des lois f. 175 b.des Buddhas.