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PRÉFACE.

démontrer les faits qui portent en eux-mêmes le caractère de l’évidence, caractère qui se rencontre ici, puisque cest l’observation directe qui prouve la différence qui existe entre le £hâgavata et les autres Purftnas.

Quant k ce qu’on dit, que la perfection ne se trouve pas dans ces livres, parce qu’on n’y remarque ni l’attention [d’un auteur] pour son ouvrage, ni l’expression de son affection, cela n’a pas de valeur ; car c’est parce que Vyàsa voit tout d’un œil pfàrfaitement égal, qu’il n’y a pas trace, dans les dix-huit Purânas, de ces marques d’attention ou d’affection. De plus, il n’y a pas de preuve de ce que vous avancez, savoir, qu’on trouve de pareilles marques dans le Bhàgavata.

Quant à ce qu’on dit, que le doute qui porte sur le Bhàgavata est d’un ennemi de ce livre, cela n’est pas plus fondé ; car il n’est personne qui puisse nous forcer d’admettre que le doute, qui n’a d’autre principe que’le désir de connaître la vérité, ne prouve autre chose qu’un principe de haine.

On ajoute encore : « Si l’on dit que le terme de Bhàgavata désigne le « Dévi Puràna, en vertu de la dérivation grammaticale du mot Bhàgavata, « que Ton explique ainsi : Le Bhàgavata, c’est le livre de Bhagavatt ; alors il « faudra de même, en vertu de l’étymologie du mot gdu (vache), que l’on « rtire du verbe gatchtchhati (c’est un animal qui marche), dire que l’Ane, « le chameau, ou les autres quadrupèdes, sont aussi des vaches. » Mais cela n’est pas fondé ; car une fois qu’on adopte un terme dans son sens propre, on n’en peut plus faire d’application analogique [à autre chose], ce terme même étant particularisé par les conditions qui s’opposent et à remploi de la valeur d’extension résultant d’un caractère commun [entre ce terme et un autre], et à l’emploi de la valeur d’association. Or vous devez vous-même admettre ce raisonnement ; autrement, de cette explication du mot Bhàgavata, « ce qui se rapporte à Bhàgavata c’est le BhAgavata, » résulterait cette conclusion, que le terme de Bhàgavata désigne le Vâichnava Purâna seul, ou même quelques Purânas, tels que le Saura et autres (^).

^ Le nom de Saura ne se présente ni dans la liste des Purânas et Upapurânas de Râdhâkânta Déva, ni dans celle de Wilson ; mais il se trouve dans celle des Upapurânas que donne.le Dévibhâgavata, à Tarticle 4 du troisième traité, à Toccasion duquel les listes précitées seront comparées les unes

aux autres. Ce livre, d’après le titre qu’il porte, est ou dédié au soleil, ou émané de cet astre ; et il est probable qu’il fait autorité aux yeux des Sauras, pour qui le soleil est l’objet d’un culte spécial. Cette secte parait avoir été assez florissante au temps de Çamlara Atchârya, et parmi les subdivi-