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PRÉFACE.

pas plus fondé. Car comme il n’existe pas de témoignage traditionnel qui établisse à Tégard des livres précités cette condition particulière, qu’ils sont l’ouvrage d’autres savants [que ceux auxquels on les attribue], il ne peut s’élever aucun doute sur leurs auteurs. Mais dans le cas qui nous occupe, cette assertion, que le Bhâgavata, livre qui fait autorité pour les sectateurs de Vichnu, a été composé par Yôpadêva, est un témoignage traditionnel qui retentit aussi haut que le bruit de la cloche. Or le témoignage de cette tradition, vous devez l’admettre vous-même, puisque vous avez dit, [sur un pareil témoignage, ] que le livre qui porte le nom de Hêmâdri est l’ouvrage de Yôpadêva ; autrement il faudrait conclure de l’existence du nom de Hêmâdri [que porte l’ouvrage en question], que ce livre est de Hêmâdri lui-même.

Ce qu’on ajoute, que si le Bhâgavata est l’œuvre de Yôpadêva, on ne comprend plus l’existence du commentaire— de Çamkara Atchârya, puisque Çamkara est beaucoup plus ancien que Yôpadêva, n’est pas plus fondé ; car on n’a pas de preuve que Çamkara Atchârya soit l’auteur d’un commentaire sur le Bhâgavata : bien au contraire, il est certain que ce Maître n’est pas l’auteur d’un commentaire sur cet ouvrage ; car, évidemment, on ne peut découvrir une qualité toute relative, [et c’est ici pour Çamkara celle d’auteur dudit commentaire, ] quand cette qualité dépend de l’existence supposée d’un objet qui est lui-même relatif, [et cet objet est ici le commentaire même que personne ne produit.]

Mais on allègue deux motifs pour expliquer pourquoi on ne rencontre plus le commentaire de ce Maître ni ceux des autres : c’est que ce commentaire est trop obscur, et qu’on ne trouve personne qui le possède. Cela n’est pas plus fondé ; car on voit encore aujourd’hui des livres plus obscurs et plus anciens même que ce commentaire. Ensuite, si l’on dit qu’on connaît, il est vrai, des personnes qui possèdent quelques-uns de ses ouvrages, tels que la glose sur les Çârîrakas, ouvrages plus obscurs que le commentaire du Bhâgavata, mais qu’il n’en est pas de même de ce commentaire, je réponds qu’il est bien difl&cile d’arriver à une entière certitude sur ce point.

Quant à ce qu’on dit encore, que de ce fait que le Maître a parlé dans le Gôvindâchtaka de l’action de manger de la terre, fait dont il n’est question que dans le Bhâgavata, il résulte que le Bhâgavata étant contemporain de ce Maître, ne peut être l’œuvre de Yôpadêva, cela n’est pas plus fondé ; car on ne peut tirer une conclusion de ce genre de ce que le respectable et bien-