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PRÉFACE.

chant [de ce livre] fait partie du Bhâgavata, parce que les dix caractères même [constitutifs de cet ouvrage] y sont indiqués en abrégé. On en accorde autant pour le troisième chant et pour ceux qui le suivent « parce que chacun des caractères, tels que la création et les autres, y est successivement exposé. Mais il nen est pas ainsi du premier chant ; comment donc admettre que ce chant fasse partie du Bhàgavata ? De ce qu’il n y est pas même question d’un seul [des dix] caractères, il résulte que le premier chant n’appartient pas au Bhàgavata : voilà ce qui fait pour quelques-uns l’objet d’un doute. Or le Maître dissipe ce doute [de la manière suivante]. .Raisonnant avec l’intention de demander : « D’où vient que vous dites que « le Bhàgavata est un autre livre, qui commencé après. le premier chant ? » il établit qu’en vertu de la définition même [du Bhàgavata], dont les termes (qui sont que le Bhàgavata a dix**mille stances, qu’il se compose de douze chants, et qu’il commence par la Gàyatrî) seraient incomplets si le premier chant manquait ; ce premier chant même, par le droit que lui donne sa place en tête du Bhâgavata, fait réellement partie de cet ouvrage[1]. Quoiqu’il

1. La discussion à laquelle se livre ici notre autieur, repose, en effet, sur un passage qui fait partie du commentaire de Çridhara Svàmin, et dont elle reproduit quelquefois les expressions mêmes ; les conclusions de l’auteur de notre traité sont. aussi à peu près celles qu’on attribue— dans ce passage à Çridhara. Voici la traduction de ce texte, tel que le donne le manuscrit delà Société Asiatique de Paris ; il manque dans le ms. bengali de la Bibliothèque du Roi, ainsi que dans l’édition du Bhàgavata en caractères bengalis. « Il ne faut donc pas concevoir un doute ainsi conçu : il y a un autre livre nommé Bhâgavata. Le Maitre s’est exprimé ainsi à l’occasion d’un doute qui faisait soupçonner que le BhàgavjBita est l’œuvre de Vôpadêva et non de Vyàsa. Telle est l’interprétation que des Panditas ont donnée de son assertion ; ils ont cru qu’il voulait dire : Il ne faut pas prétendre qu’il y a un autre Bhàgavata fait par Vôpadêva ; le Bhâgavata est au contraire l’œuvre même de Vyàsa. Mais cette interprétation n’est pas fondée ; car l’intention de Çridhara Svàmin, [quand il s’est exprimé ainsi, ] était différente. Or voici comment il la fait connaître : Il y en a, [dit-il, ] qui prétendent que le Bhâgavata commence au troisième livre » et qu’il en faut détacher. le premier et le second livre [qui n’en font pas partie]. D’autres disent : Le Bhâgavata, c’est ce qui est exposé par Bhagavati. Mais ces propositions ne sont pas admissibles. Pourquoi ? C’est que si l’on détache le premier et le second livre [du Bhàgavata], cet ouvrage ne conmiencera plUs par la Gâyatrî. De plus, si l’on détache ces deux livres, l’ouvrage se trouvera ne plus avoir dix-huit mille stances, et ne plus renfermer douze chants. Aussi, comme le Bhâgavata conmfience par la Gàyatri, qu’il renferme dix-huit mille stances, et qu’il se compose de douze chants, on ne doit pas, laissant de côté le premier et le second livre, soupçonner qu’il y a un autre Bhâ-

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