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mon intelligence ; car, comme les oiseaux ne parcourent que la partie du ciel que leurs forces leur permettent de franchir, ainsi les hommes instruits ne s’avancent dans les voies de Bhagavat que jusqu’où les conduisent leurs forces.

24. Un jour que s’étant armé de son arc, Parîkchit était parti pour chasser dans la forêt, fatigué de poursuivre les bêtes fauves, épuisé de faim et de soif,

25. Ne voyant nulle part de réservoir d’eau, il entra dans l’ermitage, où il trouva un solitaire assis, tranquille, les yeux fermés,

26. Maître de ses sens, de sa respiration, de son cœur et de son intelligence, affranchi des trois états, parvenu à la perfection suprême, devenu Brahma et à l’abri de tout changement,

27. Couvert de sa chevelure qui tombait en désordre et d’une peau de rourou, et assis sur celle d’une antilope : Parîkchit, la bouche desséchée par la soif, demanda de l’eau à ce solitaire.

28. Mais ne recevant ni le siège de gazon, ni la place pour s’asseoir, ni l’offrande de l’eau, ni les paroles bienveillantes de l’hospitalité, le roi, se croyant méprisé, fut transporté de courroux.

29. Dévoré par la faim et par la soif, il sentit naître en lui, contre le Brâhmane, un mouvement soudain de colère et d’envie qu’il n’avait pas éprouvé jusque-là.

30. Trouvant auprès de ce Rǐchi des Brâhmanes un serpent mort, il le prit de colère avec l’extrémité de son arc, le lui jeta sur l’épaule, et regagna sa capitale.

31. Aussi, [pensait le roi,] pourquoi se tient-il ainsi les yeux fermés, suspendant l’action de tous ses sens ? Ne serait-ce pas qu’il se livre à une apparence de méditation pour éviter de misérables Kchattriyas ?

32. Le jeune fils du Brahmane, brillant de splendeur, qui jouait avec des enfants de son âge, en apprenant l’insulte que le roi avait faite à son père, prononça ces paroles :

33. Ah ! la conduite outrageante de ces Râdjas nourris comme les corbeaux de ce qu’on leur jette, ressemble à celle des chiens et des esclaves gardiens de la porte, qui insultent leur maître !