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24. Ces solitaires voyant en moi un enfant doux, soumis, obéissant, exempt de la légèreté naturelle à son âge, étranger à tous les plaisirs, et parlant peu, me donnèrent, quoiqu’ils regardassent tous les êtres avec une égale indifférence, des marques de leur compassion.

25. Ils me permirent de manger les restes de leur repas ; ce bienfait effaça aussitôt mes péchés ; et mon âme, ainsi purifiée par cette action, éprouva le désir de connaître leur loi.

26. Là, chaque jour, grâce à leur bienveillance, je les entendais chanter les ravissantes histoires de Krǐchna, et chaque vers que j’écoutais avec foi enflammait mon ardeur pour le Dieu dont la gloire est aimable.

27. Alors, grand solitaire, favorisée par le désir dont j’étais épris, mon intelligence s’arrêta immobile en celui dont la gloire est aimable, et elle me fit reconnaître en moi, comme au sein du suprême Brahma, que la forme qui existe comme celle qui n’existe pas [pour nos organes], sont le produit de la Mâyâ dont il dispose.

28. Ainsi, à mesure que, durant l’été et la saison des pluies, j’écoutais, trois fois le jour, la gloire pure de Hari, chantée par ces magnanimes solitaires, je sentais naître en moi la dévotion qui détruit la Passion et les Ténèbres de l’âme.

29. Comme j’étais, ainsi que je l’ai dit, un enfant dévoué, humble, exempt de péché, plein de foi, soumis et obéissant,

30. Ces sages, remplis de compassion pour les malheureux, me communiquèrent, au moment de leur départ, cette science si mystérieuse, révélée par Bhagavat,

31. À l’aide de laquelle je reconnus la puissance de la Mâyâ du bienheureux Vêdhas (Vichṇu), fils de Vasudêva ; cette science qui conduit l’homme au lieu habité par cet Être divin.

32. Ils m’enseignèrent, ô Brahmane, le remède qui guérit les trois espèces de douleurs, c’est-à-dire l’acte dont l’intention est dirigée vers Bhagavat, le souverain Seigneur, Brahma.

33. Sans doute, pieux Vyâsa, ce n’est pas la substance qui donne à l’homme une maladie qui peut avoir la vertu de le guérir, [comme ferait] un médicament convenable.