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PRÉFACE.

du Bhâgavata, ainsi que je Tai déjà fait entendre, et comme j’essayerai de le prouver plus tard, appartient en propre à l’auteur quel qu’il soit qui a rédigé ce poëme ; et quoique les hymnes des Vêdas aient fourni au poète de nombreux modèles, on doit reconnaître dans ces morceaux lyriques un caractère de vigueur et d’originalité qui donne une idée favorable de son talent. Les fragments philosophiques quelquefois développés, plus souvent indiqués par de brèves allusions, paraissent au premier abord ne pas être mieux amenés ; ils se lient cependant avec les diverses parties du récit, et ils servent à exprimer sous une forme un peu plus scientifique les idées qui paraissent dans les hymnes sous des couleurs purement poétiques. Ces passages d’ailleurs ne doivent pas être pris pour des morceaux dogmatiques, et il n’y faut pas chercher ce qu’on entend, à proprement parler, dans l’Occident par philosophie. A part l’exposition du système Sâmkhya qui forme un des objets avoués du troisième livre, les idées empruntées à cette philosophie même, ainsi que celles qui se rattachent plus directement au Vèdânta, et qui sont, comme les premières, disséminées dans le courant du poëme, y servent exclusivement à un but spécial, dans l’intérêt duquel l’auteur les a employées, sans s’inquiéter s’il en altérait les formes, ou s’il en dérangeait les rapports primitifs,

Je ne sais si je m’ahuse, mais ce mélange de poésie et de métaphysique a quelque chose de frappant, qui intéresse autant au moins qu’il étonne. Le grand défaut d’un poëme de ce genre est sans doute l’ahsence de ce qu’on appelle aujourd’hui la réalité. Il semble, en eflFet, que dans ce monde des idées où le poëte transporte le lecteur, on ne saisisse que des formes vaines, et qu’U ne soit pas plus possible à un esprit sain de vivre à de telles hauteurs, qu’il ne l’est à l’homme de respirer au sommet