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PRÉFACE.

Les sens disputaient entre eux, en disant : « C’est moi qui suis le pren mier, c est ipoi qui ^uis le premier (M. » Ils se dirent : « Allons, sortons de « ce corps ; celui d’entre nous qui en sortant fera tomber le corps, sera le « premier. » La parole sortit : Thomme ne parlait plus, mais il mangeait, il buvait et vivait toujours. La vue sortit : l’homme ne voyait plus, mais il mangeait, il buvait et vivait toujours. L’ouïe sortit : l’homme n’entendait plus, mais il mangeait, il buvait et vivait toujours. Le Manas sortit : l’intelligence sommeillait dans l’homme, mais il mangeait, il buvait et vivait toujours. Le souffle de vie sortit : à peine fut-il dehors que le corps tomba ; le corps fut dissous, il fut anéanti. De là vient que l’on donne au corps le nom de Çartra (^). Il voit certainement s’anéantir*son ennemi et son péché, celui qui connaît cela (5).

1. Anquetil commente ainsi le mot ^am (qui n*a, dans TAoïarakôcha, d’autres sens que ceux de partie du Sâmavéda, et vers monosyïlahique ) : « Significatio.roO akt, haec est « quod ex eo omnes res apparentes fiunt. > [Oapnekhat, t. II, p. 3 6.) Dans la traduction du morceau qui nous occupe, il le rend par magnas, sastentans corpus. (Ihid, p. 4i.} Je ne puis, faute de conmientaire, déterminer avec plus de précision la valeur de ce terme. Je suppose seulement qu il dérive d’un radical 3^ (Germ. hauhs, hoh, hoch ?), qui doit avoir la signification d’être élevé, et dont 3F^ amonceler n*est, selon toute probabilité, quune transformation postérieure. C’est là un des mots védiques employés par Fauteur du Bhàgavata ; Çrîdbara Sv&min lui donne le sens de aftrr « Le souiBe • de vie ; > et dans le fait, uktha est le titre que reijoit le prdna ou souffle de vie dans le fragment même du Véda que je cite. (Voy. Bhàgavata, 1. 1, ch. xv, st. 6.)

2. Cela veut dire que le corps est nommé Çarira parce qu’il est sujet à la dissolution, ou, comme dit le texte, parce qu’il est détruit, çiryaté. C’est là, en eflTet, l’étymologie la plus ordinaire de ce mot, dont on trouve dans Manu une explication plus métaphysique que grammaticalement fondée. (Manusamhitâ, ch. i, st. 17.)

3. Je laisse sans le traduire le mot ht^, dont je ne puis, faute de commentaire, déterminer rigoureusement le sens, et qui, d’ailleurs, n’est peut-être pas la bonne leçon, ce que la difficulté de lire le manuscrit télinga qui renferme roriginal, me met hors d’état de décider. Si bhrdtrïvah est correct, ce sera un mot formé comme kéçava, et on traduira : « il a beaucoup de frères ; » mais ce sens est trop recherché pour un texte aussi antique. Si l’on doit lire bhrdtrïvyah, qui a entre autres sens celui d’ennemi, on pourra supposer qu’il manque quelque chose à la phrase, dont le sens devrait être « son ennemi est détruit » Je ne trouve rien dans— la paraphrase d’An-