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PRÉFACE.

folie, auquei les Musulmans ont depuis longtemps enlevé l’appui d’un pouvoir indigène. Que Ton montre surtout dans une production de la littérature sanscrite, quelle qu’elle soit, la moindre trace d’idées chrétiennes, sauf ces grandes et primitives notions de morde qui forment l’antique patrimoine de l’humanité. Je ne parie pas ici des emprunts que l’Inde aurait faits aux sciences mathématiques des Grecs, parce que personne, pas même Colebrooke, n’a encore, déterminé avec précision l’étendue de ces emprunts, et que s’ils sont avoués par les Brahmanes eux-mêmes, comme cela parait être de quelques notions astronomiques, ils ne peuvent, en bonne critique, prouver au delà des faits sur lesquels ils portent, encore moins servir de base à un système aussi vaste que celui qui voudrait nous représenter la civilisation indienne comme un produit de la culture hellénique.

On voit combien de choses restent encore à démontrer lorsque, transportant hors du théâtre où il s’est produit un ouvrage indien, on applique à cet ouvrage la qualification de moderne, en la prenant dans le sens que nous ne pouvons pas nous empêcher de lui donner. Il faut qu’on prouve que la civilisation indienne a passé en même temps que la civilisation occidentale, par les phases qui, en Europe, ont marqué le développement de œlle-ci ; il faut qu’on fasse voir que le christianisme est pour l’Inde comme pour l’Europe une époque fatale, et qui a changé l’aspect et le mouvement de la société. Mais il faut avant tout qu’on lise la totdité de la littérature sanscrite, pour— y trouver la démonstration des faits mêmes desquels on part pour la juger. Jusqu’à ce que ces travaux soient accomplis, il est permis aux esprits désintéressés de ne pas attacher, aux théories qui veulent que llnde ait subi les influences diverses de l’Occident, plus d’importance que n’en méritent celles qui, vers la fin du dernier siècle,