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PRÉFACE.

très-difFérents lun de l’autre, que celui du Mahâbhârata ou du Râmâyana, et celui du Bhâgavata. Le premier est le style de l’épopée, et il est comme celui de tous les poëmes antiques, simple, animé, large et souvent sublime. Le second, plus travaillé, plus varié, plus chargé de couleurs, est aussi plus difficile et quelquefois plus profond. Il a de la force et de la grandeur, mais il manque d’aisance et de simplicité ; il a plus de verve que d*âme, plus de chaleur que de sentiment. Ten excepte les passages où fauteur, développant des idées et des conceptions qui lui sont plus personnelles que eelles quil a reçues de la tradition, chante la foi et la dévotion dont son héros doit être fobjet. Dans ces morceaux, l’auteur est original parce qu’il parle de choses qu’il sent lui-même. Mais ces conceptions, inspirées par l’esprit de secte, sont déjà modernes, si on les compare à celles qui forment le fonds de l’ancienne littérature des Brahmanes, et le langage qu’elles revêtent, quoique plein d’ardeur et d’éclat, n’en diffère pas moins essentiellement du style majestueux et toujours naturel des vieilles épopées. Cette différence fondamentale s’exprime par un signe tout extérieur, et dont le sens ne peut être méconnu ; c’est la variété et la richesse des mètres poétiques. Cette variété est, à mon avis, un trait caractéristique de l’exposition du Bhâgavata, et elle ne se trouve pas, que je sache, à un égal degré dans aucun autre Purâna. La stance épique nommée Anuchtubh, qui fait le fonds du Râmâyana, du Mahâbhârata et du plus grand nombre des Purânas, cède à chaque instant, dans le Bhâgavata, la place à d’autres stances d’un mètre plus travaillé et plus brillant, et dont f emploi rapproche cette composition des poëmes proprement dits, qu’on désigne sous le titre spécial de Kâvyas ^^l Sous ce

^ Cette remarque a déjà été faite par le derne des inscriptions de la fameuse colonne savant M « Mill, relativement à la plus mo— d’Allahabad. Voy. ce qu il dit datfs le Joarn.