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sous le nom de kabod comme une apparition lumineuse au sein d’un nuage qui monte en colonne, devient la séchina qui habite le saint des saints, la science créée avant le commencement du monde et qui ne peut jamais défaillir, en communion perpétuelle avec l’homme dont elle n’est point séparée. C’est la théorie panthéiste du Verbe immanent, du « Dieu avec nous, » que les apôtres Paul et Jean ont enfin dévoilée aux peuples occidentaux.

En dehors des Écritures, il y avait aussi dans le Levant une doctrine secrète transmise verbalement dans certaines écoles dissidentes, et dont l’identité avec celle des apocryphes a été mise en lumière. Les gardiens de cette tradition étaient durant les siècles antérieurs à Jésus-Christ, les deux sectes que nous avons nommées, les Esséniens et les Thérapeutes. Les premiers étaient en Judée et habitaient particulièrement les bords de la mer Morte ; ils y étaient nombreux : au temps de Josèphe, malgré les progrès de la nouvelle église, on en comptait encore quatre mille. Ils avaient pour méthode d’interpréter allégoriquement la loi mosaïque, ce qui les conduisait à ne point reconnaître les interprétations officielles des rabbins et à substituer à la caste des prêtres un sacerdoce universel : c’était les bouddhistes du judaïsme. Ils n’enseignaient point en public leur doctrine secrète et ne parlaient jamais que par paraboles ; leur morale avait pour base l’abstinence pour soi-même, la charité pour les autres, l’égalité des hommes et la négation de l’esclavage. Un lien étroit les unissait aux alexandrins : ils connaissaient leurs livres, parmi lesquels il y en avait un, intitulé la Science de Salomon qui leur était familier. La doctrine essénienne et sa transmission orale forment donc un passage qui conduit de la doctrine des apocryphes à la doctrine secrète des chrétiens.