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son sein : en d’autres termes, plus sont diverses ses origines. Le christianisme ne tire pas exclusivement son origine des livres juifs : car non seulement la doctrine chrétienne n’est pas tout entière dans la Bible, mais au contraire, elle a beaucoup emprunté d’abord aux idées grecques et latines, et plus tard à celles qui avaient cours au moyen âge dans la société féodale. Si du dogme on passe au rite, on voit que la majeure partie de ses éléments ont une source orientale et une signification symbolique, par laquelle ils se rapprochent des cultes antérieurs. Au delà du christianisme et de la prédication du bouddha, on voit les grandes religions vivre isolées les unes des autres sur la terre dépourvue de chemins, ou ne se pénétrer réciproquement que dans quelques-unes de leurs parties. Enfin, quand on est parvenu aux plus anciens monuments sacrés que nous possédions, si l’on y ajoute encore les faits antérieurs les mieux établis par la linguistique, on voit apparaître des religions primitives, indépendantes, comme les races humaines chez qui elles ont été en vigueur.

Beaucoup de chrétiens supposent que toutes les religions de la terre procèdent d’une révélation adamique, primordiale, dont elles ne sont guère que des corruptions diverses. Ce n’est pas là sans doute un article de foi ; mais c’est une idée qui s’est beaucoup répandue depuis l’époque où Bossuet composait son Histoire universelle avec des données insuffisantes. Depuis lors, la science a marché ; il n’est pas un savant aujourd’hui qui ne considère cette opinion comme fausse ; elle est contredite à la fois par la connaissance des textes, qui ne montre aucun élément ayant passé des plus anciens livres hébraïques au Vêda ; par l’étude comparée des langues, qui sépare dans leurs origines comme dans leurs systèmes les idiomes sémitiques des idiomes aryens ; par celle des races humaines, que l’on voit se succéder