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nue comme la source unique de tous les pouvoirs sacrés.

Ainsi donc la morale et le sacerdoce, qui sont deux parties importantes des religions modernes, se montrent de plus en plus restreints à mesure qu’on remonte la série des siècles.

Il semble au premier abord que l’Égypte fasse exception à cette loi, puisque les prescriptions morales forment une partie notable de ses anciens textes sacrés. Mais l’Égypte répond, dans l’histoire de l’humanité, à une période qui allait finir au moment où celles dont je viens de parler commençaient. On ne doit pas oublier que, dès la sixième dynastie, les dogmes, les rites, les figures symboliques, la hiérarchie sacerdotale et les prescriptions morales étaient en grande partie fixés. Cet état de choses suppose un passé très-long, parce qu’il ne peut se produire qu’à la suite d’une très-lente élaboration. L’Égypte a pu, dans une certaine mesure, contribuer au développement religieux des peuples plus modernes, comme furent les Hébreux. Mais les grandes religions âryennes étaient fondées, soit en Orient, soit en Occident, avant qu’elle ait pu exercer sur elles une notable influence. La loi reste donc ; et l’on peut dire que la morale et le sacerdoce apparaissent à un certain moment de l’histoire, qui n’est pas le même pour tous les peuples. Au delà, on ne trouve plus comme éléments essentiels des religions qu’un fait intellectuel, le dogme, et un acte extérieur, le culte.

Comme la science des dogmes et des cultes ne peut se faire qu’en remontant le cours des années, elle a pour point de départ, comme nous l’avons constaté, l’état présent des religions. Le premier chapitre de cette science est une simple exposition de ce qui existe ; le second fait partie de l’histoire. Or, les faits présents ne peuvent trouver leur explication que dans ceux qui les