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DU BUDDHISME INDIEN.

Religieux buddhiste qu’il employait ; et ce savant, qui dès l’origine de ses recherches a pris tant de précautions pour arriver à la vérité, nous avertit qu’il est douteux que cette classification puisse être justifiée par le témoignage des livres eux-mêmes[1]. Cette observation me dispense de m’y arrêter longuement, et il me suffira de dire que cette division en Pûraṇa ou livres anciens, Kâvya ou poëmes, Vyâkaraṇa ou grammaires, Kôça ou dictionnaires, Tantra ou rituels ascétiques, Dhâraṇî ou charmes et formules, non seulement mêle le profane avec le sacré, mais confond, sous la dénomination vague de livres anciens, des ouvrages de caractères et de titres très-divers.

La classification beaucoup plus détaillée que M. Hodgson a jointe à son premier Mémoire sur le Buddhisme a une plus grande importance et mérite à un haut degré l’attention de la critique par le nombre et par la variété des renseignements qu’elle contient, et de plus, parce qu’elle est, à peu de chose près, également admise par les Buddhistes de Ceylan. Il nous faut l’examiner ici en détail, parce que les lumières que nous y trouverons doivent servir à nous orienter dans le dédale obscur de la littérature sacrée des Buddhistes. Nous avons en outre l’avantage de la retrouver chez les Chinois, où elle est commentée et justifiée par des observations curieuses[2] ; et nous sommes ainsi en état de suppléer dans quelques cas au silence des Buddhistes népalais. De même que la liste donnée à M. Hodgson par son Religieux, celle que nous signalons en ce moment est rédigée sans aucun égard à la triple division des écritures buddhiques. Les ouvrages y sont ramenés, d’après leur contenu, sous douze chefs principaux, ou, pour nous servir des paroles mêmes de M. Hodgson, les écritures buddhiques sont de douze espèces, connues chacune par un nom différent[3].

1o « Sûtra. Ce sont les écritures fondamentales (Mûla grantha), comme la Rakcha bhâgavatî et la Achṭasâhasrikâ Pradjñâ pâramitâ. Elles équivalent aux Vêdas des Brâhmanes. »

Je remarque d’abord que nous voyons ici reparaître l’opinion déjà indiquée, que les Sûtras sont les écritures fondamentales des Buddhistes ; mais les livres cités comme spécimens de la classe des Sûtras donnent lieu à une difficulté faite pour arrêter un lecteur qui n’aurait pas accès aux manuscrits de ces ouvrages mêmes. Nous avons vu que la Pradjñâ parâmitâ (et j’ajoute maintenant la Rakcha bhâgavatî, qui n’en est qu’un autre titre) était consacrée à la métaphysique, et qu’en cette qualité cet ouvrage était placé par les traducteurs

  1. Transact. of the Roy. Asiat. Society, t. II, p. 229.
  2. Landresse, dans le Foe koue ki, p. 321 sqq.
  3. Notices, etc., dans Asiat. Researches, t. XVI, p. 426 et 427.