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DU BUDDHISME INDIEN.

das Gelühl und die Feststellung (irgend eines Gegenstandes und dessen Begriffes). Es gibt ein wissen (Erkennen) mittelst der Augen, eines mittelst der Ohren, eines mittelst der Nase, eines mittelst der Zunge, eines mittelst des Körpers und eines mittelst des Willens (Verlangens). Es gibt ferner ein Auffassen (Aneignen) mittelst der Augen, eines mittelst der Ohren, eines mittelst der Nase, eines mittelst der Zunge, eines mittelst des Körpers und eines mittelst des Willens. Auch gibt es ein Empfinden durch das Auffassen der Augen, ein Empfinden durch das Auffassen der Ohren, eines durch das Auffassen der Nase, eines durch das Auffassen der Zunge, eines durch das Auffassen des Körpers und eines durch das Auffassen des Willens. »

Ce passage est parfaitement clair, et la restitution des termes originaux ne nous en apprend pas beaucoup plus que la version allemande du texte mongol. La raison en est facile à comprendre : ces termes sont de ceux que donne l’observation directe ; les idées propres au Buddhisme n’y occupent qu’une place assez restreinte. Les douze organes ou instruments qu’énumère le texte mongol sont d’une part les six organes des sens, en sanscrit Chaḍâyatanâni, les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps, ou plutôt la peau qui enveloppe le corps et qui est le siége du tact, et enfin l’organe interne, en sanscrit Manas, organe multiple, aussi moral qu’intellectuel, dont les Mongols ne reproduisent qu’une face, en le traduisant par volonté, désir. À ces organes, qui sont de véritables instruments, il faut joindre la fonction départie à chacun d’eux, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goûter, le toucher et le sentiment. La manière dont les Mongols représentent ce dernier terme n’est sans doute pas très-claire ; je ne l’en crois pas moins fondée sur la connaissance de la théorie buddhique, quoiqu’elle n’en exprime qu’une partie. La fonction du Manas ou du cœur, en tant qu’organe, est de saisir le Dharma, qui est la loi morale ou le devoir ; de le saisir comme un organe donné perçoit une impression, laquelle est une sensation déterminée à la fois par l’objet qui la donne et par l’organe qui la reçoit. L’objet qui envoie au Manas la sensation qu’il est destiné à recevoir est tout être individuel ; capable de mérite ou de démérite, en un mot de moralité. Le nom propre de cette sensation est Dharma, la loi, le devoir, le mérite, comme on voudra l’appeler, en tenant compte d’une imperfection d’analyse qu’explique suffisamment l’antiquité de cette théorie. En même temps que le Manas reçoit, si je puis m’exprimer ainsi, la sensation de moralité, il reçoit également celle d’individualité ; en d’autres termes, il perçoit l’être ou l’individu sujet du Dharma ; car il faut un être pour qu’il y ait mérite ou démérite. C’est cette seconde espèce de sensation que représente la définition mongole. Cette manière d’envisager le Manas, si toutefois je la comprends bien, est conséquente au système psychologique des Buddhistes ; car n’admettant