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DU BUDDHISME INDIEN.

ces villes. Maintenant, ce texte rapproché du terme de râdjikâ ne semble-t-il pas confirmer le sens que j’ai proposé en dernier lieu, dans la note à laquelle la présente observation se réfère, à savoir celui de « devoir de roi, œuvre de roi ? » ce qui peut s’appliquer tout aussi bien à un édit émané de la puissance souveraine qu’à l’érection d’un monument religieux qui est l’œuvre d’un roi. On voit en outre par ce texte que le nombre de quatre-vingt-quatre mille Stûpas était une allusion à celui des quatre-vingt-quatre mille édits de la Loi. Je ne dois cependant pas omettre de signaler une expression qui semble nous reporter vers une autre interprétation. Je la trouve dans la traduction que M. Turnour a donnée d’un passage du Buddhavam̃sa pâli ; il s’agit de la Loi, qui est établie aussi solidement « qu’un Tchâitya décoré des embellissements de la loi[1]. » Ne semble-t-il pas que cette expression soit un commentaire de celle de nos textes, Dharma râdjikâ ? Mais n’ayant pas l’original pâli dont je donne la traduction d’après M. Turnour, je n’ose pousser plus loin ce rapprochement.

Page 332, note 3. — Je crains de ne pas m’être encore expliqué assez clairement sur ce passage embarrassé. En avançant, d’accord avec le texte, que le roi avait pris pour base de sa distribution le chiffre de dix millions de pièces d’or, considéré comme l’expression de la richesse des habitants dans chacune des villes où il voulait élever un Stûpa, j’ai dit que ce chiffre devait être atteint et non dépassé. Ceci doit être entendu en ce sens, que les villes où la fortune des habitants ne s’élevait pas à dix millions de pièces n’avaient pas droit à un vase de reliques, et que celles où la fortune publique dépassait dix millions n’avaient cependant droit qu’à un seul de ces vases. Voilà pourquoi Açôka répond aux habitants de Takchaçilâ, que de leurs trente-six Kôṭis il en fallait retrancher trente-cinq, en d’autres termes, qu’il n’en reconnaissait qu’un seul.

Quant au miracle par lequel Yaças le Sthavira satisfit au désir du roi, qui voulait élever dans le même jour ses quatre-vingt-quatre mille édifices, je remarquerai que c’est une absurdité dont les Buddhistes singhalais ne se sont pas rendus coupables, puisqu’ils disent que cette grande opération coûta trois années de travail à ceux qu’Açôka en avait chargés[2].

Page 355, ligne 26. — J’ai oublié de remarquer, à l’occasion du nom de Puṇḍra vardhana, que ce doit être le même que celui de Puṇḍra, lequel désigne, suivant Wilson[3], la plus grande partie du Bengale et une portion du Bahar.

  1. Examin. of pâli Buddh. Annals, dans Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VII, p. 795.
  2. Mahâvanso, p. 34, éd. in-4°.
  3. Sanscr. Diction., p. 540, col. 1, éd. 1832.