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DU BUDDHISME INDIEN.

Çubhakrĭtsnas, « ceux qui sont toute pureté. » Les deux listes de Georgi ne donnent pas cette expression à la place où elle doit être ; mais j’ai acquis la conviction, après une recherche attentive, que la traduction du mot Çubhakrĭtsna doit être cherchée au n° 17 de sa seconde liste[1], où par suite d’une inexplicable confusion il l’a placée, contre toutes les autorités qui me sont connues. Si, en effet, au lieu de Ged-rgyes on lit Dge-rgyas, comme dans le Vocabulaire pentaglotte[2], on traduira ce composé par pureté étendue, c’est-à-dire « ceux qui ont une pureté absolue, » exactement comme les Chinois et les Mongols entendent Çubhakrĭtsnas[3].

Au-dessus de cet étage qui termine la sphère du troisième Dhyâna, nous entrons dans le quatrième, c’est-à-dire dans la contemplation supérieure, qui d’après notre Sûtra se compose de huit degrés, et d’après le Vocabulaire pentaglotte de neuf, par une raison que je dirai tout à l’heure. Le degré inférieur de cette sphère est occupé par les Anabhrakas ou « ceux qui sont sans nuages. » On chercherait vainement dans la liste de Georgi la dénomination tibétaine de ces Dieux, si l’on n’usait un peu de cette liberté que je me suis permise à l’égard de l’article précédent. En effet, immédiatement à la suite du Dge-rgyas, que je crois être les Çubhakrĭtsnas, je trouve les Pri-med[4], terme qui sous une forme fautive cache le composé Sprin-med, c’est-à-dire « qui est sans nuage. » C’est là encore une correction qui est confirmée par le Vocabulaire pentaglotte[5]. Les Chinois et les Mongols entendent de même le nom de ces Divinités[6] ; et M. A. Rémusat ajoute qu’on les nomme ainsi parce qu’elles n’ont plus besoin de l’appui des nuages qui sont nécessaires aux Dieux placés au-dessous d’elles.

Après les Anabhrakas viennent les Puṇyaprasavas, dont le nom est susceptible de plusieurs interprétations qui ne sont que des nuances les unes des autres. On peut le traduire de trois manières : 1° ceux dont l’origine est dans la pureté, c’est-à-dire « ceux qui naissent de la pureté ; » 2° « ceux qui produisent la pureté ; » 3° « ceux dont les productions ou les descendants sont purs. » Les deux dernières interprétations rentrent à peu près l’une dans l’autre, et je n’hésite pas à préférer la première, comme plus conforme au génie de la langue classique. La liste de Georgi ne met pas à sa place la traduction tibétaine de ce titre ; mais en continuant les corrections dont cette liste me paraît susceptible, je trouve

  1. Alphab. Tib., p. 484, n° 17.
  2. Vocab. pentagl., sect. lii, n° 3.
  3. Foe koue ki, p. 145. Schmidt, Mém. de l’Acad., etc., t. IV, p. 217.
  4. Alphab. Tib., p. 484, n° 18.
  5. Vocab. pentagl., sect. liii, n° 1.
  6. Foe koue ki, p. 145. Vocab. pentagl., sect. liii, n° 1. Schmidt, Mém., etc., t. IV, p. 217.