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APPENDICE.
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No 1. — DU MOT NIRVÂṆA.
(second mémoire, section ii, page 69.)

C’est ici, je crois, le lieu de déterminer, d’après des exemples pris dans les textes, la signification du mot de Nirvâṇa ; par là on comprendra mieux comment il est possible que les Buddhistes en fassent des applications si diverses. Rappelons d’abord que dans son Mémoire sur les sectes hétérodoxes de l’Inde, Colebrooke en a donné le sens étymologique. « Ce mot, dit-il, employé en qualité d’adjectif, signifie éteint, comme par exemple un feu qui est consumé, ou une lumière qui cesse de luire ; il signifie de plus mort, comme quand on l’applique à un saint qui a quitté ce monde pour l’autre. Ce mot dérive de , souffler comme le vent, et de la préposition nîr qui a ici un sens négatif ; nirvâṇa signifie donc : calme et non ému par le vent. La notion qui s’attache à ce mot employé [substantivement] dans un sens philosophique, est celle d’une apathie complète. » Et plus loin : « Ce n’est pas une annihilation, mais une apathie incessante que les Djâinas et les Buddhistes entendent désigner par le Nirvâṇa, c’est-à-dire l’extinction de leurs saints[1]. » J’ignore sur quelle autorité se fonde Colebrooke pour limiter ainsi le sens de Nirvâṇa chez les Buddhistes ; je crois bien que ce doit être là le sentiment de quelques écoles, mais il ne m’est pas prouvé que ce soit celui de toutes, et en particulier des plus anciennes. Cette question du reste, en supposant même que la solution en soit possible, ne pourra être examinée que quand nous aurons comparé les opinions des Buddhistes du Nord avec celles qui règnent dans le Sud.

Je reviens donc au sens du mot Nirvâṇa, et je remarque d’abord que l’acception propre de ce terme est celle d’extinction. Je trouve dans un passage du Divya

  1. Miscell. Essays, t. I, p. 401 et 402.