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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

battre la croyance à l’existence de Dieu, il n’a cité que le Mahâdêva des Çivaïtes, le Vâsudêva des Vichṇuvites, l’Esprit ou la Matière de l’école Sâm̃khya, c’est qu’il n’a pas trouvé dans le Buddhisme même la croyance à l’existence de Dieu, qu’il était cependant de l’intérêt de son système de réfuter là où il la rencontrait. Ces considérations me portent à penser que l’ouvrage de Vasumitra, avec le commentaire de Yaçômitra qui l’accompagne, sont l’un et l’autre antérieurs à l’époque où s’est établie dans le Buddhisme la croyance à un Dieu suprême, croyance que Csoma ne fait pas remonter plus haut que la fin du xe siècle de notre ère. D’un autre côté, comme notre auteur cite l’école des Yôgâtchâras, dont le fondateur Ârya Sam̃gha, vivait, suivant les Tibétains, du vie au viie siècle de notre ère, notre commentateur est nécessairement postérieur à ce dernier personnage, et nous devons placer sa glose entre le vie et le xe siècle de notre ère, vers la fin du moyen âge de la littérature buddhique.


SECTION VII.
HISTOIRE DE LA COLLECTION DU NÉPÂL.

L’histoire de la collection sacrée du Népâl n’est écrite dans aucun des livres dont cette collection se compose ; et cela n’a pas droit de surprendre, si l’on n’examine que ceux de ces livres qui passent pour inspirés, c’est-à-dire pour émanés de la prédication de Çâkyamuni. En effet, de deux choses l’une : ou ces livres sont en réalité contemporains de Çâkya, et alors les renseignements historiques que nous devons espérer d’y trouver ne peuvent porter que sur ces deux points, la date même des livres, si elle est donnée, et l’indication de quelques événements contemporains de la rédaction ; ou bien ces livres ont été composés longtemps après Çâkya et attribués par la foi populaire au fondateur du Buddhisme, et alors il est facile de comprendre qu’on en ait soigneusement exclu tous les indices qui pouvaient trahir leur origine moderne. Mais comme la collection du Népâl renferme d’autres ouvrages que des livres inspirés ; comme on y trouve, par exemple, des traités composés par des auteurs dont les noms sont célèbres, il est permis de regretter qu’un de ces écrivains n’ait pas composé une histoire des livres buddhiques, histoire pour laquelle la tradition et la connaissance de ces livres mêmes eût fourni à un Buddhiste des matériaux qu’il nous sera peut-être à jamais impossible de rassembler.