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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

mençant, que ceux où l’union du Çivaïsme avec le Buddhisme est la moins intime doivent passer pour les plus anciens.

Enfin, si continuant nos recherches, nous nous demandons jusqu’à quel point cette alliance du Buddhisme avec le Çivaïsme est générale, ou jusqu’à quel point elle paraît dans les textes de toutes les époques, nous trouverons que les noms des Divinités çivaïtes sont aussi étrangers aux Sûtras et aux Avadânas moraux et métaphysiques qu’ils sont familiers aux Mahâyâna sûtras. Je me suis déjà suffisamment expliqué sur ce point en parlant des caractères qui distinguent les Sûtras simples des Sûtras développés, et dans cette section même, en traitant des Dhâraṇîs. Il me suffit donc de rappeler ici ce résultat pour montrer ce que nous apprend l’étude comparée des textes buddhiques touchant l’alliance du Buddhisme avec le Çivaïsme. Nous pouvons tenir pour certain que cette alliance inconnue au Buddhisme primitif, parce qu’elle est contraire à son esprit, ne commence à se montrer que dans les Sûtras développés, qu’elle n’y est encore qu’à ses premiers commencements, et qu’elle ne se consomme que dans les Tantras, au moyen des emprunts manifestes que font les Buddhistes au langage et aux pratiques des Çivaïtes.

Les textes sanscrits du Népâl sont l’unique source des remarques et des conclusions qui précèdent, et le lecteur trouvera peut-être que j’ai bien tardé à consulter l’autorité ordinairement décisive des monuments. Mais il ne me reprochera pas, je l’espère, d’imiter ici la réserve prudente de M. de Humboldt, pour qui l’alliance du Buddhisme et du Çivaïsme ne paraît pas aussi clairement écrite sur les monuments qu’elle l’est dans les témoignages de l’état religieux du Népâl. Pourquoi, au lieu de ces descriptions où l’interprétation mythologique occupe tant de place, ne possédons-nous pas des dessins exacts des temples hypogées de l’Inde occidentale, où les caractères distinctifs des Divinités qu’ils renferment soient reproduits avec une scrupuleuse exactitude ? Malheureusement, à bien peu d’exceptions près, les Mémoires auxquels ont donné lieu ces curieux temples ne sont que des tissus plus ou moins ingénieux d’hypothèses sans fondement. Les descriptions sont faites d’une manière approximative, et il n’est pas rare de voir les statues, dont la détermination serait la plus importante, recevoir successivement toutes les attributions et prendre tour à tour les noms de Buddha, Djina, Indra, Çiva et autres. Il est juste de dire que ces descriptions ont été faites pour la plupart à une époque où l’étude des mythologies brâhmanique et buddhique était encore peu répandue, et par des personnes qui n’avaient que des prétentions modestes à ce genre de connaissances. Mais cette concession, que je n’éprouve aucun regret à faire, quoique certains