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DU BUDDHISME INDIEN.

une faveur. Bhagavat garda le silence ; mais un jeune homme de la tribu des Litchhavis, nommé Sarvasattva priya darçana, qui était présent, dit au Brâhmane : Pourquoi donc, ô grand Brâhmane, demander une faveur à Bhagavat ? je puis bien t’en accorder une moi-même. À quoi Kâundinya répondit : Je désire posséder un fragment des reliques du Tathâgata, ne fût-il pas plus gros qu’un grain de moutarde, pour en faire l’objet d’un culte religieux. Mais le jeune Litchhavi lui réplique en vers qu’il verra une relique du Tathâgata, ne fût-elle que de la grosseur d’un grain de moutarde, quand il poussera des poils sur le dos d’une tortue. Le Brâhmane comprend le sens suffisamment clair de ces paroles, et y répond par d’autres stances approbatives, où il dit qu’en effet Bhagavat n’est pas né comme les autres hommes, et qu’on chercherait vainement après lui une relique du volume d’un grain de moutarde, puisque son corps n’a ni os ni sang, et que son véritable corps, ses véritables os, c’est la Loi, Dharma kâya, Dharma dhâtu. Cette profonde exposition dispose les esprits d’un grand nombre de Dêvas à comprendre ce que c’est que l’intelligence suprême d’un Buddha parfaitement accompli, et leur inspire des stances par lesquelles ils disent qu’un Buddha n’entre pas dans le Nirvâṇa complet, que sa Loi ne périt pas, et que son corps est un corps éternel. Le chapitre se termine par l’expression de la joie qu’éprouve Rutchira kêtu.

Au commencement du troisième chapitre, on apprend que ce dernier vit en songe un tambour d’or resplendissant comme le disque du soleil, et dans tous les points de l’espace des Buddhas en nombre infini qui enseignaient la Loi à d’immenses assemblées. Puis il vit un Brâhmane qui frappait le tambour, et le tambour rendait pour son des stances poétiques sur la Loi. À son réveil, le Bôdhisattva Rutchira kêtu se rappela ces stances. Il sortit alors de Râdjagrĭha ; et accompagné d’une foule innombrable, il se rendit sur la montagne de Grĭdhra kûta auprès de Bhagavat, et lui récita les stances qu’il avait entendues en songe. Ces stances, qui remplissent le quatrième chapitre, sont relatives à l’importance de l’enseignement de la loi, et en particulier au mérite du Suvarṇa prabhâsa. Rutchira kêtu annonce en même temps le désir qu’il a de sauver les créatures en leur exposant ce Sûtra ; et il fait une longue confession de ses fautes, afin de se rendre digne de la mission à laquelle il aspire.

Dans le cinquième chapitre, Bhagavat prend la parole pour raconter l’histoire d’un roi nommé Suvarṇa bhudjêndra, qui adressa des louanges à tous les Buddhas passés, présents et futurs, et qui demanda pour récompense de devenir un jour digne d’exposer le Suvarṇa prabhâsa. Au commencement du sixième chapitre, Bhagavat annonce que les lois du vide ont été exposées dans un nombre très-considérable de Sûtras, mais que pour en faciliter l’intelligence, il les a résumées dans le Suvarṇa prabhâsa.