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DU BUDDHISME INDIEN.

ainsi avant que Csoma de Cörös eût publié son excellente analyse du Kah-gyur, cette assertion ne peut plus faire l’objet d’un doute depuis que cette analyse nous a donné, avec le titre des traités tibétains contenus dans ce vaste recueil, celui des originaux sanscrits dont ces traités ne sont que la traduction.

Ce que je viens de dire des livres tibétains s’applique également aux livres mongols, autant du moins qu’il m’est permis de le reconnaître, pour ceux des traités religieux dont je puis vérifier les titres. La belle collection d’imprimés et de manuscrits tibétains et mongols dont M. Schilling de Canstadt fit présent, en 1837, à l’Institut de France, renferme la traduction mongole de quelques traités sanscrits du Népâl. Je citerai, entre autres, la Pradjñâ pâramitâ, en vingt-cinq mille stances, dont la version mongole forme deux forts volumes[1] ; le Suvarṇa prabhâsa, dont la version mongole est citée par M. Schmidt sous le titre d’Altan gerel[2] ; le Vadjra tchhêdika, dont on doit à M. Schmidt une traduction faite sur le tibétain[3], et deux recueils de petits traités ou formules d’une moindre importance[4]. Si je ne cite pas d’autres livres, c’est que je n’en ai pas un plus grand nombre à ma disposition ; mais je ne prétends en aucune manière limiter à ces indications nécessairement incomplètes la liste des ouvrages que les Mongols ont dû traduire du sanscrit, ou au moins du tibétain. C’est à M. Schmidt, qui a extrait des livres mongols de si précieux renseignements sur le Buddhisme de l’Asie centrale, qu’il appartient de déterminer l’étendue des emprunts que les Mongols ont faits à la littérature buddhique du Nord de l’Inde. Cette tâche serait d’autant moins difficile pour cet habile orientaliste, que dès l’année 1830 il affirmait que parmi les deux cent dix-huit ouvrages buddhiques dont M. Hodgson donnait la liste, la plupart avaient été traduits en mongol, et que presque tous se trouvaient entre ses mains ou lui étaient bien connus sous leur titre sanscrit[5].

Je possède moins de renseignements encore sur la relation de la littérature buddhique de la Chine avec celle du Népâl, parce que les livres des Buddhistes chinois n’ont pas été jusqu’ici analysés en détail comme ceux des Tibétains, et que les titres de ceux qu’on connaît ne peuvent être aisément rendus à leur forme originale sans la double connaissance du chinois et du sanscrit. Mais ce

  1. Catal. man. de la collection Schilling, nos 80 et 81.
  2. J.-J. Schmidt, Mongol. Gramm., p. 142. Geschichte der Ost-Mongol., p. 307. Catal. man. de la coll. Schilling, no 83.
  3. Catal. man. de la coll. Schilling, no 86. Schmidt, Mém. de l’Acad. des sciences de Saint-Pétersbourg, t. IV, p. 126 sqq.
  4. Catal. man. de la coll. Schilling, nos 84, 85.
  5. Ueber einige Grundlehren des Buddhism, dans les Mémoires de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, t. I, p. 92, 93.