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DU BUDDHISME INDIEN.

* Ici encore un Auditeur respectable et qui a beaucoup étudié apprend d’une manière distincte et parfaite ce qui suit : Si j’ai la seconde opinion et que je dise : Tout cela ne me plaît pas, je serai en désaccord avec deux autres opinions, celle qui dit : Tout cela me plaît, et celle qui dit : Ceci me plaît et cela ne me plaît pas. Du désaccord naîtra la dispute, de la dispute la haine. Reconnaissant donc clairement que cette opinion entraîne avec elle le désaccord, la dispute et la haine, il y renonce et n’en adopte pas une autre. C’est ainsi qu’on peut abandonner, quitter, rejeter une opinion, sans en accepter, sans en admettre, sans en produire une autre.* Ici encore un Auditeur respectable et qui a beaucoup étudié apprend d’une manière distincte et parfaite ce qui suit : Si j’ai la troisième opinion et que je dise : Ceci me plaît et cela ne me plaît pas, je serai en désaccord avec deux autres opinions, celle qui dit : Tout cela me plaît, et celle qui dit : Tout cela ne me plaît pas. Du désaccord naîtra la dispute, de la dispute la haine. Reconnaissant donc clairement que cette opinion entraîne avec elle le désaccord, la dispute et la haine, il y renonce et n’en adopte pas une autre. C’est ainsi qu’on peut abandonner, quitter, rejeter une opinion, sans en accepter, sans en admettre, sans en produire une autre.

Ce corps matériel et grossier, ô Agnivâiçyâyana, est formé de la réunion des cinq grands éléments. Un Auditeur respectable doit s’arrêter dans la considération que le corps est perpétuellement soumis à la naissance et à la mort. Il doit s’arrêter dans la considération de l’absence d’attachement, dans celle de l’anéantissement, dans celle de l’abandon. Quand un Auditeur respectable s’arrête dans la considération que le corps est perpétuellement soumis à la naissance et à la mort, alors ce qu’il éprouve en son corps d’amour, d’attachement, d’affection, de complaisance, de satisfaction, de passion pour ce corps même, tout cela, vaincu par son esprit, ne subsiste pas.

Il y a, ô Agnivâiçyâyana, trois espèces de sensations ; et quelles sont ces trois espèces ? Ce sont la sensation agréable, la sensation désagréable et la sensation qui n’est ni agréable ni désagréable. Dans le moment où un Auditeur respectable et qui a beaucoup étudié perçoit une sensation agréable, les deux autres sensations, à savoir la sensation désagréable et la sensation indifférente, n’existent pas pour lui ; l’Auditeur respectable ne perçoit en ce moment que la sensation agréable ; mais cette sensation elle-même est passagère et soumise à l’anéantissement. Dans le moment où un Auditeur respectable perçoit une sensation désagréable, les deux autres sensations, à savoir la sensation agréable et la sensation indifférente, n’existent pas pour lui, l’Auditeur respectable ne perçoit en ce moment que la sensation désagréable, mais cette sensation elle-même est passagère et sujette à l’anéantissement. Dans le moment où un Auditeur respectable