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DU BUDDHISME INDIEN.

Ensuite, le roi, pour exciter aussi l’étonnement du Sthavira Upagupta, prenant avec lui le jeune Sundara, se rendit à Kukkuṭa ârâma. Dans ce jardin résidaient dix-huit mille Arhats ayant à leur tête Upagupta, et un nombre double de disciples et d’hommes ordinaires pleins de vertu. Le roi ayant salué les pieds du Sthavira, s’assit en face de lui pour entendre la Loi, et Upagupta la lui exposa. Alors le jeune Sundara dont les dispositions étaient arrivées à leur maturité parfaite, après avoir entendu la Loi, se sentit le désir d’entrer dans la vie religieuse. Après en avoir informé le roi Açôka, il entra dans la vie religieuse en présence du Sthavira Upagupta. Après de longs efforts, après des études et une application soutenues, il reconnut ce que c’est que la roue de la transmigration, qui porte cinq marques, qui est à la fois mobile et immobile ; et ayant triomphé de toutes les voies par lesquelles on entre dans le monde, en les détruisant, en les renversant, en les dissipant, en les anéantissant, il parvint, par la destruction de toutes les corruptions du mal, à voir face à face l’état d’Arhat. Devenu Arhat, [etc. comme ci-dessus, page 292, à la fin jusqu’à :] il fut de ceux que tous les Dêvas, accompagnés d’Indra et d’Upêndra, adorent, honorent et saluent.

Alors le roi Açôka, sentant des doutes s’élever dans son esprit, adressa au Sthavira la question suivante : Quelles actions a donc faites Sundara pour posséder une telle beauté ? Quelles actions a-t-il faites pour qu’[à sa naissance] ait paru un étang construit de pierres précieuses et plein d’une eau divine de senteur, ainsi qu’un grand jardin, rempli de fleurs et de fruits, qui marchent ? Le Sthavira Upagupta répondit : Ce Sundara, ô grand roi, a jadis, dans d’autres existences, fait et accumulé des actions qui ont atteint à leur achèvement, [etc. comme ci-dessus, page 243, jusqu’à la fin de l’alinéa.]

Jadis, ô grand roi, quand Bhagavat fut entré dans le Nirvâṇa complet, le respectable Mahâ Kâçyapa, qui avec une suite de cinq cents Religieux parcourait les provinces du Magadha, désira réunir une Assemblée de la Loi. Il arriva qu’un pauvre laboureur vit cette grande Assemblée de Religieux que la mort du Maître plongeait dans la douleur, qui étaient fatigués de parcourir le pays, et dont le corps était couvert de poussière. À cette vue il se sentit touché de compassion, et il invita les cinq cents Religieux avec Kâçyapa à venir prendre un bain religieux. Là, quand il leur eut présenté de l’eau chaude parfumée de diverses espèces d’odeurs, les Religieux se baignèrent et nettoyèrent leurs manteaux. Ensuite leur ayant offert des aliments préparés avec soin, il reçut les formules de refuge ainsi que les préceptes de l’enseignement, et il prononça la prière suivante : Puissé-je, entrant dans la vie religieuse sous la loi de ce Çâkyamuni lui-même, obtenir l’état d’Arhat !