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DU BUDDHISME INDIEN.

maux qui y sont attachés ? Dans l’Enfer, les souffrances auxquelles est condamné le corps livré au feu ; parmi les animaux, les terreurs que leur inspire la crainte de se voir dévorés les uns par les autres ; parmi les Prêtas, les tourments de la faim et de la soif ; parmi les hommes, les inquiétudes d’une existence de projets et d’efforts ; parmi les Dieux, la crainte de déchoir et de perdre leur félicité : voilà les cinq causes de misères par lesquelles sont enchaînés les trois mondes. Tourmentés par les douleurs de l’esprit et du corps, ils voient dans les attributs dont se compose l’existence de véritables bourreaux ; dans les organes des sens, des villages désolés ; dans les objets, des brigands ; enfin, ils voient la totalité des trois mondes dévorés par le feu de l’instabilité. Et comment alors la passion pourrait-elle naître en eux ? Puis il prononça ces stances :

« Eh quoi ! la crainte de la mort, qui ne doit cependant t’enlever qu’une seule vie, t’empêche de jouir des objets agréables faits pour flatter le cœur, parce que la terreur ne cesse de te troubler !

Quel plaisir le cœur des Religieux peut-il donc trouver dans les aliments et dans les autres objets des sens, eux qui songent aux terreurs futures de la mort, répétée pendant plusieurs centaines d’existences ?

Comment des vêtements, des lits, des siéges, des vases, pourraient-ils inspirer de l’attachement à des cœurs qui ne songent qu’à la délivrance, qui voient dans ces objets des ennemis et des assassins, pour qui le corps est semblable à une demeure incendiée, et qui regardent les êtres comme périssables ?

Et comment la délivrance n’appartiendrait-elle pas à ceux qui ne désirent qu’elle et qui se détournent de l’existence, à ceux dont le cœur ne s’attache pas plus aux diverses causes de plaisir que l’eau à la feuille du lotus ?

Ainsi favorablement disposé, grâce à la ruse du roi, pour la Loi de Bhagavat, Vîlâçôka lui dit, tenant ses mains réunies en signe de respect : Seigneur, je cherche un refuge auprès du bienheureux Tathâgata parfaitement et complètement Buddha ; je cherche un refuge auprès de la Loi et auprès de l’Assemblée. Et il prononça cette stance :

Je me réfugie auprès de celui dont les yeux sont purs comme un lotus nouvellement épanoui, et qu’honorent les Dieux, les sages et les hommes ; je me réfugie auprès de la pure Loi du Buddha et auprès de l’Assemblée.

Alors Açôka se jetant au cou de son frère : Non, lui dit-il, je ne t’ai pas abandonné ; mais c’est un moyen que j’ai employé pour t’inspirer des sentiments de bienveillance en faveur de la Loi de Bhagavat. Dès ce moment Vîtâçôka se mit