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AVERTISSEMENT.

Ce premier volume conduit le lecteur jusqu’au point où le Buddhisme va entrer dans l’histoire. Je n’ai donc pas eu besoin d’y exposer le système chronologique applicable aux faits qui ont signalé la naissance et les développements de cette religion ; l’exposition de ce système a, suivant le plan de mon ouvrage, sa place marquée après l’analyse de la collection sacrée des Singhalais. Cependant comme toutes mes recherches m’ont conduit à ce résultat, qu’entre les deux opinions dominantes touchant la date de Çâkyamuni, celle des Chinois ou des Buddhistes du Nord, qui le placent au xie siècle avant notre ère, et celle des Singhalais ou des Buddhistes du Sud, qui le placent au viie siècle, la seule véritable est l’opinion des Singhalais, j’avoue franchement que c’est de ce point de vue qu’ont été envisagés les faits dont j’ai eu à parler dans le présent volume. C’est ailleurs que je compte démontrer les incohérences de ce système étranger à l’Inde, qui donne au fondateur du Buddhisme quatre siècles d’antiquité de plus que ne lui en reconnaissent les Singhalais, dont les annales indiennes, conservées avec un soin et une régularité remarquables, depuis le ive siècle environ avant notre ère, nous offrent les seuls renseignements originaux et authentiques que nous possédions jusqu’ici sur l’origine et l’histoire du Buddhisme. J’ai cru devoir cette déclaration aux lecteurs qui seraient surpris de ne pas rencontrer plus de dates précises dans un ouvrage de critique littéraire et philosophique. Je ne pouvais même me dispenser de la faire, sans autoriser par mon silence l’opinion déjà trop répandue, et qu’on s’attache à répandre chaque jour davantage, qu’il est impossible de trouver dans l’Inde rien de réellement historique. Si un savant illustre a pu expliquer, et jusqu’à un certain point excuser l’indifférence du public français à l’égard des études indiennes, en se fondant sur cette opinion, je serai peut-être excusable à mon tour de prendre quelques réserves contre des assertions qui tendent, sans doute à l’insu de leurs auteurs, à propager et à justifier cette indifférence.

On comprend en outre quels motifs j’ai eus pour attacher le plus grand prix aux Mémoires de MM. Hodgson et Turnour, qui sont rédigés