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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


« Dans cet ermitage vivaient les Rĭchis Udraka et Ârâda ; le Bôdhisattva, cet Indra parmi les hommes, ce protecteur, se rendit familière la pratique de leur doctrine.

Ici le Bôdhisattva se soumit à une rude pénitence de six années. C’est ce que dit cette stance : Le grand solitaire, après s’être livré à une rude pénitence de six années, reconnut que ce n’était pas la voie véritable, et abandonna cette pratique.

C’est en cet endroit que Nandâ et Nandabalâ, les filles du villageois, présentèrent au Bôdhisattva une offrande de miel et de lait, qui se multiplia [miraculeusement] en dix offrandes, et dont il se nourrit[1]. On cite à cette occasion la stance suivante :

Ayant mangé en cet endroit l’offrande de lait et de miel que lui avait présentée Nandâ, le grand héros, le plus éloquent des hommes alla s’asseoir à l’ombre de l’arbre Bôdhi.

C’est ici que Kâlika le roi des Nâgas vint trouver le Bôdhisattva qui était assis près de l’arbre Bôdhi, et se mit à chanter ses louanges. Aussi dit-on : Le plus éloquent des hommes fut loué par Kâlika le roi des serpents, après que,

    nom du premier de ces anachorètes, Ârâḍa, dans la transcription chinoise A lan, telle que la donne Klaproth, d’après une légende de la vie de Çâkyamuni. (Foe koue ki, p. 281.) Je conjecture même que Klaproth, ou le texte qu’il suit, commet une erreur en faisant de Kia lan un autre Brâhmane différent du premier. (Ibid.) Si, en effet, on rapproche du nom sanscrit du Brâhmane en question, Ârâḍa Kâlâma, le double nom chinois A lan Kia lan, on sera naturellement porté à croire que les quatre monosyllabes chinois sont la transcription assez peu altérée des deux trissyllabes sanscrits. Un passage de la légende de Çâkyamuni, telle qu’elle a été rédigée par Buddha ghosa et traduite du pâli par M. Turnour, semble dire qu’Ârâḍa résidait dans le Magadha, non loin de Râdjagrĭha. (Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VII, p. 810.) Mais le Lalita vistara affirme positivement que le Brâhmane Ârâḍa vivait dans la grande ville de Vâiçâlî. (Lalita vistara, f. 125 b de mon man.) Ce fait est confirmé par un passage de Parinibbâṇa sutta pâli, dont M. Turnour a donné une excellente analyse. C’est, en effet, au-delà de Vâicâlî, après la dernière visite de Çâkya dans cette ville, qu’eut lieu une discussion entre un Malla et un disciple d’Âlâra Kâlâma (comme les Singhalais le nomment), sur les mérites relatifs de Çâkya et d’Âlâra. (Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VII, p. 1004.) Il semble naturel de conclure de cette dernière circonstance que la résidence d’Ârâḍa n’était pas éloignée de Vâiçâlî. Quant à Rudraka, fils de Râma, c’est bien à Râdjagrĭha que Çâkyamuni fit sa rencontre, ainsi que je l’ai dit plus haut (sect. II, p. 137, note 1) ; le Lalita vistara affirme positivement ce fait. (Lalita vistara, f. 128 b de mon man.) J’ignore laquelle des deux autorités il faut préférer, du Lalita vistara qui nomme ce dernier Brâhmane Rudraka Râmaputtra, ou de la présente légende, qui le nomme Udraka. Ce qu’il y a de certain, c’est que cette dernière orthographe est confirmée par le commentaire pâli de Buddha ghosa, qui cite ce même Brâhmane sous le nom de Uddakaramo. (Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VII, p. 810.) Il faut probablement lire Uddaka Râma. Quant aux faits résumés dans ce passage, depuis le moment où Çâkya s’assit sous un arbre Djambu, voyez la légende souvent citée de la vie de Çâkya. (Foe koue ki, p. 231 sqq., et p. 281 sqq.)

  1. Voyez cette partie de la légende de Çâkya racontée en détail dans le Foe koue ki, p. 283 et 284. Conf. Asiat. Res., t. XX, p. 165.