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DU BUDDHISME INDIEN.


Remplissez de couleurs ce contour ; puis il faudra écrire au-dessous les formules de refuge, ainsi que les préceptes de l’enseignement ; il faudra y tracer, tant dans l’ordre direct que dans l’ordre inverse, la production des causes [successives de l’existence], qui se compose de douze termes ; et on y écrira ces deux stances :

Commencez, sortez [de la maison] ; appliquez-vous à la loi du Buddha ; anéantissez l’armée de la mort comme un éléphant renverse une hutte de roseaux.

Celui qui marchera sans distraction sous la discipline de cette loi, échappant à la naissance et à la révolution du monde, mettra un terme à la douleur.

Si quelqu’un demande ce que sont ces sentences, il faudra répondre : La première est l’introduction, la seconde l’enseignement, la troisième la révolution du monde, la quatrième l’effort.

Les peintres écrivirent tout ce que Bhagavat leur avait dicté ; puis Bhagavat dit au roi Bimbisâra : Grand roi, adresse à Rudrâyaṇa une lettre ainsi conçue : Cher ami, je t’envoie en présent ce qu’il y a de plus précieux dans les trois mondes. Il faut que [pour recevoir ce cadeau], tu fasses orner la route dans une étendue de deux Yôdjanas et demie ; il faut que tu sortes toi-même avec un corps d’armée composé de quatre espèces de troupes ; il faut que tu places ce présent dans un lieu large et ouvert, et que tu ne le découvres qu’après l’avoir adoré et lui avoir rendu de grands honneurs. L’observation de ce que je te recommande t’assurera la possession d’un grand nombre de mérites.

Le roi Bimbisâra ayant écrit la lettre telle qu’elle lui était dictée, l’envoya au roi Rudrâyaṇa, auquel elle fut présentée. Rudrâyaṇa l’ayant lue, en éprouva quelque impatience ; et ayant appelé ses conseillers, il leur dit : Quel peut donc être, seigneurs, le présent que m’envoie Bimbisâra, pour qu’il faille que je lui rende de tels honneurs ? Équipez un corps d’armée composé de quatre espèces de troupes, et allons ravager son royaume. Les conseillers répondirent : Grand roi, Bimbisâra passe pour être un prince magnanime ; il ne peut t’avoir envoyé en retour de tes dons un présent ordinaire. Exécute de point en point ce qu’il te recommande ; s’il arrive que le roi ne soit pas satisfait, nous saurons bien trouver l’occasion [de le venger]. Qu’il soit ainsi, reprit Rudrâyaṇa. En conséquence on fit orner la route dans une étendue de deux Yôdjanas et demie ; le roi sortit lui-même avec un corps d’armée composé de quatre espèces de troupes ; le présent, introduit dans la ville, fut placé dans un lieu large et ouvert, et on ne le découvrit qu’après l’avoir adoré et lui avoir rendu de grands honneurs.