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DU BUDDHISME INDIEN.


-même [à sa place]. C’est là, ô Religieux, que le Nâga kumâra [Bhadra mukha] a commencé à éprouver de la foi[1].

Les Religieux, qui sentaient des doutes s’élever dans leur esprit, adressèrent la question suivante au bienheureux Buddha, qui tranche tous les doutes : Quelle action, seigneur, avait donc faite le respectable Sam̃gha rakchita, pour que le résultat de cette action fût qu’il naquît dans une famille riche, fortunée, jouissant d’une grande fortune ; qu’il entrât dans la vie religieuse en présence de Bhagavat ; que par l’anéantissement de toutes les corruptions du mal, il vît face à face l’état d’Arhat, et qu’il accomplît ainsi [que tu l’as dit] l’œuvre de la conversion ? Bhagavat répondit : Sam̃gha rakchita, ô Religieux, a fait et accumulé des actions * qui ont atteint à leur achèvement, dont les causes sont arrivées à leur maturité, qui l’ont accompagné comme la lumière [accompagne le corps qui la produit], qui devait nécessairement avoir un terme. Quel autre [que moi] connaîtra distinctement les actions faites et accumulées par Sam̃gha rakchita ? Les actions faites et accumulées, ô Religieux, n’arrivent pas à leur maturité dans les éléments extérieurs, soit de la terre, soit de l’eau, soit du feu, soit du vent ; mais c’est seulement dans les [cinq] attributs intellectuels, dans les [six] parties constitutives du corps, et dans les [cinq] organes des sens, véritables éléments de tout individu, que les actions faites et accumulées, les bonnes comme les mauvaises, arrivent à leur maturité.

Les œuvres ne sont pas détruites, fût-ce même par des centaines de Kalpas ; mais quand elles ont atteint leur perfection et leur temps, elles rapportent des fruits pour les créatures douées d’un corps[2].

Jadis, ô Religieux, dans ce Bhadra Kalpa même où nous sommes, quand les créatures avaient une existence de vingt mille années, il parut au monde un précepteur nommé Kâçyapa, et doué des qualités énumérées plus haut. Sam̃gha rakchita, qui était entré dans la vie religieuse sous l’enseignement de ce Buddha, remplissait les devoirs de serviteur [de la Loi]. Avec lui vivaient alors cinq cents autres Religieux, et la capitale du district était d’ordinaire la résidence d’une grande foule de gens. Le serviteur de la Loi avait pour eux tous une grande bienveillance. De cette manière il accomplit en ce lieu, pendant toute la durée de son existence, les devoirs de la vie religieuse ; mais il n’acquit pas

  1. Ici se termine le morceau intitulé : « Légende du Nâga kumâra, ou du prince Nâga, » tel que le donnent nos manuscrits du Divya avadâna. Ce qui suit est la fin de l’histoire de Sam̃gha rakchita.
  2. Ce morceau, depuis le mot marqué par une étoile, est emprunté à la fin de l’histoire de Pûrṇa, ci-dessus, p. 243 ; le texte sanscrit se contente de le rappeler par la formule ordinaire pûrvavat, « comme plus haut ; » la version tibétaine le reproduit en entier.