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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

rapproché de la précédente, veut dire que si on n’abandonne pas les Nissaggiyâ dhammâ, on tombe dans l’Enfer. Cette section répond à la cinquième du Phâṭimokkha pâli, qui a le titre de Phâtchittiyâ dhammâ, et qui renferme quatre-vingt-douze articles[1]. Csoma donne, comme les Chinois, quatre-vingt-dix articles à la quatrième section du Pratimôkcha tibétain. Il est clair que le titre chinois Pho y thi est la transcription de Phâtchittiyâ ou de Pâtchittiya, terme pâli que Clough traduit par péché, et qui est peut-être dérivé du sanscrit prâyaçtchitta, « ce dont on doit se repentir. » Si cette explication n’est pas erronée, la traduction de la liste chinoise est peu exacte.

La sixième section a pour titre Pho lo thi thi che ni ; elle renferme quatre articles. Les Chinois traduisent ce titre par « se repentir vis-à-vis de quelqu’un ; » de là vient que les fautes qu’il désigne doivent être déclarées à l’Assemblée. Cette section répond à la sixième du Phâṭimokkha pâli, qui a le titre de Phâṭi-desaniyâ dhammâ, et renferme également quatre articles[2]. Ce titre pâli est l’altération du sanscrit pratidêçanîya, « déclarable à ; » je conclus même des deux premières syllabes de la transcription chinoise Pho lo qu’elle part d’un original sanscrit (pra), plutôt que d’une forme pâlie, dont le r serait régulièrement supprimé.

La septième section n’a pas de titre transcrit en chinois ; elle renferme en cent articles les règles qui prescrivent aux Religieux d’étudier. C’est manifestement la septième section du Phâṭimokkha pâli, dont le titre est Sekkhiyâ dhammâ, et qui se compose de soixante et quinze articles[3]. Le titre de sekkhiyâ répond au sanscrit çâikchya, que je regarde comme un dérivé, soit de çâikcha (étudiant), soit du substantif çikchâ (étude). Il faut le traduire par « relatif aux étudiants, » ou mieux par « relatif à l’étude. » Cette explication rentre bien dans l’interprétation des Chinois.

La huitième section n’a pas non plus de titre transcrit en chinois ; elle renferme en sept articles des règles pour terminer les contestations. C’est manifestement la même section que la huitième du Phâtimokkha pâli, dont le titre est Sattâdhikaraṇa-samathâ[4]. Nous avons ici deux mots réunis en un seul par les lois de l’orthographe, savoir : satta, « les sept, » et adhikaraṇa-samathâ, « pacifications des discussions[5]. » Ce titre rentre exactement, comme on voit, dans la définition chinoise.

  1. Turnour, Examination, etc., dans Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VI, p. 520.
  2. Id. ibid.
  3. Id. ibid.
  4. Id. ibid.
  5. Le mot adhikaraṇa signifie, à proprement parler, « sujet ou matière qui est en discussion. »