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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

reprochait, devait répondre à haute voix[1]. Tout cela est confirmé par les légendes ; seulement je n’y trouve pas la trace de l’institution du censeur dont parle Csoma[2]. Du temps de Çakya, c’était lui qui devait être le censeur ; après sa mort, ce haut ministère dut passer entre les mains du chef de l’Assemblée, tout comme il put être délégué par lui à un autre Religieux.

L’institution de la confession nous conduit directement à un sujet qui y tient de la manière la plus intime, et qui a une extrême importance aux yeux des Buddhistes de toutes les écoles : c’est la distinction et la classification des divers genres de fautes, ou plus généralement la casuistique. Mais pour pénétrer un peu avant dans ce sujet curieux, il faudrait posséder le Pratimôkcha sûtra ou le Sûtra de l’affranchissement. Ce livre manque à la collection de M. Hodgson, et je ne le connais que par la très-courte analyse qu’a donnée Csoma de la traduction que les Tibétains en ont insérée au Dul-va. Suivant Csoma, cette traduction comprend deux cent cinquante-trois règles divisées en cinq chefs d’après la nature des fautes que ces règles ont pour objet de condamner[3]. Csoma n’indique ni les titres sanscrits de ces divisions, ni le nombre des règles que renferme chacune d’elles, sauf dans deux cas. Il n’est cependant pas impossible de rétablir la plus grande partie des titres sanscrits, en comparant à une note intéressante de M. A. Rémusat, sur la Discipline buddhique chez les Chinois[4], la table des chapitres du Phâṭimokkha pâli, telle que mon ami M. Lassen et moi l’avons publiée il y a déjà longtemps, et telle que l’a donnée récemment M. Spiegel[5].

La première section du livre dont M. Rémusat reproduit l’analyse succincte a pour titre Pho lo i, qu’on traduit par « corruption, extrême méchanceté. » Elle se compose de quatre articles, qui embrassent les quatre plus grands crimes dont on puisse se rendre coupable, le meurtre, le vol, l’adultère et le mensonge. Le titre de Pho lo i est certainement le pâli Phârâdjika ou Pârâdjika, que Clough traduit par « impardonnable, inexpiable[6]. » Je ne me souviens pas d’avoir jamais rencontré ce mot dans les livres sanscrits du Népâl ; il est cependant possible qu’il s’y trouve sous cette même forme de Pârâdjika, adjectif dérivé de parâdja, terme que je ne connais pas davantage, mais que je tire de parâ (rétro) et adj (abigere), « crime qui chasse, repousse en arrière » celui qui

  1. Csoma, Analys. of the Dul-va, dans Asiat. Researches, t. XX, p. 79.
  2. Id. ibid., p. 59.
  3. Id. ibid., p. 80.
  4. Foe koue ki, p. 104 et 105.
  5. Essai sur le pâli, p. 201, et surtout Spiegel, Kammavakya, p. 35 sqq.
  6. Singhal. Dict., t. II, p. 388, col. 2. Conf. Turnour, Examin. of the Pâli Buddh. Annals, dans Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VI, p. 519.