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DU BUDDHISME INDIEN.

Sthavira Pûrṇa de Kuṇḍôpadhâna qui est le premier. Ensuite Bhagavat s’adressa ainsi au respectable Ânanda : Va, Ânanda, et dis aux Religieux : Ne vous ai-je pas dit, ô Religieux, que vous deviez vivre en cachant vos bonnes œuvres et en montrant vos péchés ? Quant à vous, ô Tîrthikas, habitez cette ville ; mais que chacun de vous, ô Religieux, faisant usage de l’espèce de moyen surnaturel qu’il possède, se transporte dans la ville de Sûrpâraka pour y prendre son repas. Oui, seigneur, répondit le respectable Ânanda pour exprimer son assentiment à Bhagavat ; puis il dit aux Religieux : Voici, ô respectables, ce qu’a dit Bhagavat : Ne vous ai-je pas dit, ô Religieux : que vous deviez vivre en cachant vos bonnes œuvres ? [et ainsi de suite comme ci-dessus, jusqu’à :] que chacun de vous se transporte dans la ville de Sûrpâraka pour y prendre son repas.

« Cependant le roi de Sûrpâraka fit enlever de la ville les pierres, le gravier et les ordures ; il y fit répandre de l’eau de santal, placer des vases de diverses espèces où brûlaient des parfums exquis, disposer des files de guirlandes faites avec des étoffes de soie, semer des fleurs diverses ; enfin il en fit une ville ravissante. Sûrpâraka avait dix-huit portes, et le roi avait dix-sept fils. Il plaça un de ses fils avec un train magnifique à chacune de ces portes. À la porte principale se tint le roi de Sûrpâraka, au milieu de l’appareil de la puissance royale, accompagné du respectable Pûrṇa, de Dârukarnin et des deux autres frères.

Cependant on vit s’avancer, à l’aide de moyens surnaturels, des Religieux dont les uns se servaient d’ailes, les autres étaient portés par des lions, et d’autres dans des vases[1]. Le roi dit en les apercevant : Respectable Pûrṇa, est-ce Bhagavat qui s’avance ? Grand roi, répondit Pûrṇa, ce sont des Religieux dont les uns se servent d’ailes, les autres sont portés par des lions, et d’autres dans des vases ; ce n’est pas encore Bhagavat. Ensuite on vit s’avancer les Religieux qui étaient Sthaviras parmi les Sthaviras, à l’aide des nombreuses et diverses perfections de la contemplation dont ils étaient doués. Le roi répéta encore sa question : Respectable Pûrṇa, est-ce Bhagavat qui s’avance ? Grand roi, répondit Pûrṇa, ce n’est pas Bhagavat, mais ce sont les Religieux qui sont Sthaviras parmi les Sthaviras. Alors un certain dévot [au Buddha] prononça en ce moment les stances suivantes :

  1. Je traduis uniquement d’après l’étymologie ces termes obscurs du texte : patratchdrika, haritatchârika et bhâdjanatchârika. Le tibétain les remplace ainsi : lo-ma-hdri-ma, ching-tshehdri-ma, snang-spyad-hdri-ma, « qui interroge les feuilles, l’arbre Tshe, les lampes ? » Il est possible que le monosyllabe ma qui termine chacune de ces expressions soit destiné à désigner des Religieuses : cela n’est cependant pas probable d’après l’ensemble du texte.