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DU BUDDHISME INDIEN.

Oui, seigneur, reprit Pûrṇa, et il lui montra les trois autres morceaux. Le roi ordonna à ses ministres de compter à Pûrṇa quatre Laks de Suvarṇas. Pûrṇa reprit : Ne m’en faites donner que trois, seigneur ; un des quatre morceaux est offert en présent au roi. On ne lui donna donc que trois Laks ; mais le roi lui dit : Pûrṇa, je suis content ; dis-moi, quelle faveur puis-je t’accorder ? Si le roi est content de moi, reprit Pûrṇa, qu’il me promette que je vivrai à l’abri de toute insulte dans son domaine. Aussitôt le roi enjoignit ce qui suit à ses ministres : Vous donnerez, à partir d’aujourd’hui, vos ordres à tous les jeunes gens, excepté à Pûrṇa.

Cependant cinq cents marchands abordèrent à Sûrpâraka, revenant d’un voyage sur le grand Océan et ramenant leur vaisseau sain et sauf. Le corps des négociants [de la ville] convint de ce règlement : Il faut rester toujours unis, et aucun de nous ne doit se séparer des autres pour aller trouver seul les marchands [nouvellement arrivés]. Si quelqu’un y va, il payera [comme amende] soixante Kârchâpanas, et le corps des négociants réunis saisira la marchandise. Quelques-uns dirent : Avertissons Pûrṇa [de cet arrangement]. D’autres dirent : À quoi bon avertir ce misérable ?

En ce moment Pûrṇa était sorti de sa maison. Il apprit que cinq cents marchands étaient arrivés à Sûrpâraka, de retour d’un voyage sur le grand Océan, ramenant leur vaisseau sain et sauf. Sans rentrer dans la ville, il se rendit auprès d’eux et leur dit : Seigneurs, quel est cet objet ? Les marchands lui répondirent : C’est telle et telle chose. — Quel en est le prix ? Les marchands lui répondirent : Chef des marchands, c’est à toi, qui es allé loin et en pays étranger, qu’il faut en demander le prix. — Cela peut être ; cependant dites toujours votre prix. Les marchands fixèrent le prix à dix-huit Laks de Suvarṇas. Pûrṇa reprit : Seigneurs, prenez pour arrhes ces trois Laks, et donnez-moi ces marchandises ; je vous payerai le reste [quand je serai rentré en ville]. C’est convenu, dirent les étrangers. Il donna donc les trois Laks qu’il avait apportés ; et après avoir laissé [sur les marchandises] l’empreinte de son cachet, il s’en alla.

Le corps des négociants de la ville envoya ensuite des domestiques, chargés de reconnaître les marchandises [des étrangers]. Ces hommes s’étant rendus auprès d’eux, leur dirent : Quel est cet objet ? — C’est telle et telle chose. — Nous aussi nous avons des greniers et des magasins pleins [de marchandises]. — Qu’ils soient pleins ou vides, ceci est vendu. — À qui ? — À Pûrṇa. — Vous perdrez gros avec Pûrṇa ; nous enchérissons sur lui. Les marchands reprirent : Vous ne donneriez pas même pour prix entier ce qu’il a donné pour arrhes. — Qu’a-t-il donc donné ? — Trois Laks de Suvarṇas. Les