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DU BUDDHISME INDIEN.
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tant]. C’est pourquoi, sentant un doute s’élever dans son esprit, il demanda à l’homme qui suivait les opinions des Tîrthikas : Pour qui donc enchéris-tu ainsi ? Pour le bienheureux Nârâyana, répondit le passant. Et moi j’enchéris pour le bienheureux Buddha, reprit le maître de maison. Quel est celui que tu appelles Buddha ? dit le jardinier. Le maître de maison se mit alors à lui exposer en détail les qualités du Buddha. Le jardinier lui dit alors : Maître de maison, et moi aussi j’irai adresser mon hommage à Bhagavat. Le maître de maison, prenant donc avec lui le jardinier, se rendit au lieu où Bhagavat se trouvait. Le jardinier vit le bienheureux Buddha, orné des trente-deux signes caractéristiques d’un grand homme et dont les membres étaient parés des quatre-vingts marques secondaires, entouré d’une splendeur qui s’étendait à la distance d’une brasse, répandant un éclat qui surpassait celui de mille soleils, semblable à une montagne de joyaux qui serait en mouvement, entièrement parfait ; et à peine l’eut-il vu qu’il jeta son lotus devant Bhagavat. Le lotus ne fut pas plutôt jeté que prenant aussitôt la grandeur de la roue d’un char, il s’arrêta au-dessus de Bhagavat. À la vue de ce prodige, le jardinier, comme un arbre dont on aurait coupé la racine, tomba aux pieds de Bhagavat ; puis réunissant ses mains en signe de respect, après avoir réfléchi attentivement, il se mit à prononcer cette prière : Puissé-je, par l’effet de ce principe de vertu, de la conception de cette pensée, de l’offrande que j’ai faite de ce présent, puissé-je, dans le monde aveugle, privé de conducteur et de guide, devenir un jour un Buddha, devenir celui qui fait franchir [le monde] aux êtres qui ne l’ont pas franchi, qui délivre ceux qui n’ont pas été délivrés, qui console les affligés, qui conduit au Nirvâṇa complet ceux qui n’y sont pas arrivés ! Alors Bhagavat, connaissant la succession des œuvres et celle des motifs qui dirigeaient le jardinier, laissa voir un sourire.

Or c’est une règle que quand les Buddhas bienheureux viennent à sourire, alors s’échappent de leur bouche des rayons de lumière bleus, jaunes, rouges et blancs ; les uns descendent en bas, les autres montent en haut. Ceux qui descendent en bas, se rendant au fond des Enfers Sâm̃djîva, Kâlasûtra, Sâm̃ghâta, Râurava, Mahârâurava, Tapana, Pratâpana, Avîtchi, Arbuda, Nirarbuda, Aṭata, Hahava, Huhava, Utpala, Padma, Mahâpadma[1], tombent froids dans ceux de ces Enfers qui sont brûlants, et chauds dans ceux qui sont

  1. Il faut comparer cette liste des seize Enfers, dont les huit premiers sont brûlants et les huit derniers glacés, avec la liste que donne M. Landresse d’après les Chinois. Les noms des huit premiers sont très-vraisemblablement traduits, et non transcrits ; du moins c’est d’après la définition qui accompagne chacun de ces noms que je crois pouvoir proposer la synonymie suivante : Sam̃djîva est le Siang ti yo, Kâlasûtra est He ching ti yo, Sâm̃ghâta est Touy ya ti yo,