Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’étais pas d’âge à savoir ce que je faisais ; et d’ailleurs, je sais que le chef sous les étendards duquel je me suis enrôlé a le pouvoir de m’absoudre, et de me pardonner même ce que j’ai fait pour vous. Apprenez d’ailleurs, tyran cruel, que le service du Seigneur, ses dons, ses serviteurs, son gouvernement, son approbation et son royaume, sont mille fois plus précieux à mes yeux que tout ce que vous pouvez m’offrir : renoncez donc à l’espoir de me séduire ; je l’ai choisi pour maître et je ne suivrai que lui.

Apollyon. Considère, je te prie, de sang-froid tout ce qui t’attend dans le voyage que tu as entrepris. Tu sais que la plupart des serviteurs de ton maître finissent mal, parce qu’ils me désobéissent et abandonnent mes voies. Combien n’y en a-t-il pas parmi eux qui ont subi une mort honteuse ! Son service, dis-tu, vaut mieux que le mien ; mais lui est-il jamais arrivé de sortir des lieux qu’il habite pour venir au secours de ceux qui lui appartiennent, tandis qu’on m’a vu mille fois (comme chacun le sait) prendre la défense de ceux qui m’ont servi fidèlement, et les délivrer soit par force, soit par ruse, des mains de ton maître, ou de celles de ses agents. Je t’accorderai, si tu le veux, la même protection.

Chrétien. Si mon maître tarde à venir au secours des siens, c’est afin d’éprouver leur amour, et de voir s’ils lui demeureront fidèles jusqu’au bout. Quant à ce que vous appelez la fin malheureuse