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Je ne puis me tenir de penser que cette joie-là ait beaucoup aidé les martyrs, et ces gens encore, ces gens sans nombre, que l’on voit, au déroulement de l’histoire, monter sur l’échafaud avec des attitudes où l’orgueil, la résignation, le mépris se mêlent d’un rayonnement secret. Certains croyaient en Dieu et se savaient purs de crimes, d’autres croyaient en Dieu et s’apprêtaient à paraître devant lui en montrant des mains et des cœurs tachés ; certains étaient sans foi. Il y en avait de vieux et de las, de jeunes qui souhaitaient vivre, de forts et de faibles. Ils étaient différents les uns des autres, séparés par les castes, la pensée, les époques. Et cependant tous ces condamnés à mort, depuis les durs conspirateurs anglais jusqu’aux jeunes femmes dont Samson touchait les chevelures légères, tous ont je ne sais quel air