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audace déconcertante. S’il était indifférent au danger, il ne ferait pas grand’chose mais, ayant senti la peur, il devient sublime. Et le plaisir qu’il trouve dans ce danger avec lequel il joue délibérément ne tient pas du tout aux idées généreuses qui sont le mobile théorique des grands actes de courage, c’est seulement l’ivresse formidable et riche qui succède à la peur vaincue. Cela peut n’avoir duré qu’une seconde, cette hésitation de la vie, dans l’être menacé, n’importe, cela suffit pour que la réaction l’emplisse d’une énorme et chaude joie.

Plus la peur a été poignante, plus le délire du courage né d’elle est vif et plus fort l’élan héroïque. Les imaginatifs dont la peur torture la sensibilité trop vibrante sont mieux que d’autres capables d’une témérité folle. Ils se délivrent par là de leur excessive angoisse. Chez les