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christianisme ; ils étaient de drap d’argent, fort lourds et taillés en façon de sacs ; on ignore le nom du fabricant et le lieu où ils avaient été faits.

Le musée de Cluny possède une crosse émaillée, provenant de Saint-Martial de Limoges, dont M. Dusommerard m’envoya le dessin colorié en échange de celui que je lui avais adressé, la crosse m’ayant appartenu longtemps ; elle représentait l’apothéose de la sainte Vierge, au milieu de la circonférence formée par un serpent émaillé ; elle figure dans une planche de l’Album.

Lors des dernières constructions faites sur les fondations de Saint-Martial de Limoges, je recueillis deux ou trois médaillons de cuivre émaillé et doré, percés à droite et à gauche, qui m’ont paru avoir été de larges boutons des chapes des abbés, dans le tombeau desquels ils furent trouvés ; ils sont de travail byzantin. L’un présente un ange à mi-corps aux ailes déployées, l’autre deux animaux fantastiques, oiseaux à tête humaine, dont les longs cous s’entortillent ensemble ; le troisième, plus petit, offre l’agneau de saint Jean, avec une légende en lettres majuscules qui peuvent être du xive siècle.

Dans la crypte où était enterré Waifre, duc d’Aquitaine, derrière le sépulcre de saint Martial, j’exhumai une boîte cylindrique émaillée, décrite dans la notice que j’adresse au comité, et qui a pu servir de boîte aux saintes hosties.

À Saint-Étienne, au-dessus du maître-autel, sur une colonne de bronze, un ange du même métal tenait suspendu à la main un saint ciboire renfermant les saintes espèces, recouvert d’un riche voile ; il était en forme de cône. C’était anciennement une manière de mettre en réserve la sainte Eucharistie pour les malades ; on l’appelait le corpus elevatum. Sur chacun des côtés de l’autel formant le rond-point du sanctuaire étaient placées, à des distances égales, trois colonnes élégantes en bronze, hautes d’environ dix pieds, surmontées d’un ange de bronze haut de trente pouces, tenant par un pied à la colonne, portant un candélabre d’une main et appuyant l’autre sur la hanche. L’aigle du lutrin était aussi en bronze assortissant le candélabre. Ce sanctuaire se fermait avec un grand rideau ou voile. L’ostensoir, en vermeil, était d’un travail fort ancien. Les carions d’autel, qu’on y voit encore de nos jours, sont des émaux du meilleur temps du plus habile des Lahdin. À Saint-Martial, collégiale, le corpus elevatum était suspendu par