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« Chaque climat, par ses influences ou celles de la nourriture, donne aux animaux une certaine conformation, qui pèche par quelques excès ou par quelques défauts. Le produit de deux animaux de même espèce, mais de race différente, dont les défauts se corrigeraient réciproquement, deviendrait la production la plus parfaite de cette espèce. Tel est le but, tel doit être le résultat du croisement. »

Si l’on attend d’un ménagement mieux entendu une amélioration désirable, sans d’autres secours, je veux dire sans avoir recours aux races étrangères, comme on l’a fait à des époques éloignées, il est évident que ce ménagement seul, lorsqu’il y a tant d’imperfections à corriger, lorsqu’il s’agit de renouveler en quelque sorte des races dégénérées ; il est évident, dis-je, que ce ménagement est insuffisant à la restauration de la race bovine, qu’il ne peut remplir à lui seul le but qu’on se propose, ou du moins serait-il d’une longueur infinie.

Mais si, au contraire, des agriculteurs éclairés et aisés, appréciant l’importance, la nécessité d’améliorer des animaux si utiles et si précieux, tant sous le rapport de leurs services domestiques et des autres produits dont l’économie rurale tire tant d’avantages, que sous celui de rappeler la beauté et la vigueur à nos races indigènes ; si, dis-je, de zélés agriculteurs se procuraient des races étrangères, si mieux encore, le gouvernement, par une généreuse bienfaisance, nous accordait cette faveur, nous verrions bientôt un changement sensible dans l’amélioration de l’espèce ; nous la verrions bientôt, par l’effet des croisements, par d’heureux résultats et par l’émulation qui en serait la suite naturelle, se multiplier, procréer des individus bien constitués et procurer au département une jouissance qu’il n’aurait jamais goûtée.