Page:Buisson - Du bœuf agenais.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 5 —

l’accroissement et au perfectionnement de leur être, exigeant de plus en plus des sucs nutritifs et abondants pour achever l’édifice de l’économie animale, on conçoit, dis-je, qu’une dérivation de ces sucs, pour tout autre usage que celui auquel la nature les a destinés, rend les sujets débiles et les dépossède pour jamais de la faculté de transmettre à leurs descendants la force et la beauté primitivement accordées, et que l’on voit, avec une sorte de jouissance, caractériser ceux qu’une administration bien entendue conserve et protège.

J’ai souvent, mais avec peine, vu livrer à la reproduction des vaches épuisées par des conceptions hâtives, une nourriture mauvaise et des traitements barbares. Comment voulez-vous que ces mères arrivent à donner un fruit seulement passable ? Impossible. Éleveurs intelligents, prenez donc à cœur cette grande maxime : Du bon choix des reproducteurs dépend une race tout entière.

Poussés par un esprit d’intérêt ou plutôt d’égoïsme, les propriétaires mettent encore en pratique le système suivant : Il consiste à traire les vaches nourrices, ou à les forcer d’adopter d’autres nourrissons, pour disposer en entier du lait de celles à qui on a ravi les nouveaux nés. Sans contredit, rien n’exténue, rien n’appauvrit davantage les vaches, rien n’est plus nuisible aux veaux à allaiter. Si on réfléchit sur cet abus, quel mal n’entrevoit-on pas en être la suite. Je dois m’élever contre ces routines pernicieuses et essayer de les anéantir à jamais.

Pourquoi ne pas commencer par le choix des individus les mieux construits et les plus perfectionnés ? Pourquoi, par rapport à nos bêtes à cornes, ne pas débuter par mieux choisir les pères et les mères, ne pas veiller à ce que les