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à travers les laurentides

Il leur faut faire chantier sur des concessions de bois (vulgairement appelées limites) souvent très éloignées, faire parvenir les billots sur les rivières jusqu’aux moulins, là, les faire équarrir, scier et cuber en madriers, état dans lequel le bois reste parfois longtemps, avant de pouvoir être expédié, enfin le faire transporter dans des barges ou des goélettes jusqu’au port d’embarquement, quand on ne l’envoie pas, sous forme de trains de bois, qui mettent un temps infini à descendre le fleuve, toutes opérations qui prennent énormément de temps et d’argent, et dont le coût diminue d’autant les profits. Ici, rien de tout cela. Le chemin de fer passe au milieu de la forêt même ; il n’y a pour ainsi dire pas de chantiers à faire, pas de flottages sur les rivières, pas de pilage. Le bois abattu, scié, mis en madriers sur les lieux, est transporté immédiatement dans les wagons de la ligne ; en quelques heures il arrive sur la jetée Louise, et, quatre jours après, il est tout chargé à bord des navires qui le transportent en Europe ou dans l’Amérique du Sud,

    vivre ici immédiatement du bois qu’ils auront droit de couper sur leurs lots, sans contrevenir aux règlements du département des Terres, règlements qui sont comme une camisole de force enroulée au corps et aux bras de nos pauvres défricheurs.