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tous les sens, et ressemblant plus qu’à toute autre chose à une cabane de défricheur. Aujourd’hui ce modeste réduit est devenu la demeure du bedeau, la chapelle est restée la même, aussi pauvre qu’autrefois, avec cette différence que le curé actuel, monsieur Thibault, a réussi à l’agrandir un peu à l’intérieur en reculant un pan de mur, ce qui lui a donné de l’espace pour douze bancs de plus, chaque banc donnant un revenu de dix dollars. D’autre part, le digne jeune curé a fait construire un véritable presbytère dans lequel il est installé depuis deux ans. Il l’a bâti sans faire de répartition entre ses paroissiens, sans plan et avec l’aide seulement d’un ouvrier du nom de Nadaud. Chacun s’est empressé de l’aider dans son œuvre ; la compagnie du chemin de fer Témiscouata lui a fait parvenir gratuitement de la chaux, les paroissiens se sont imposé des corvées personnelles et, enfin, sir Hickson, le gérant de la compagnie du Grand Tronc, qui possède à peu de distance de là une superbe ferme de deux milles de largeur, où sa famille vient passer quelques semaines l’été, avec tout son train de maison, ses équipages et une suite nombreuse, a fait cadeau au curé de cinquante dollars pour son presbytère, ce qui ne l’empêche pas d’être un bon protestant. Sir Hickson, qui fait gagner beaucoup d’argent aux gens de l’endroit qu’il emploie à divers travaux sur sa ferme, a en outre