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point de vue de la fertilité de ses terres, de sa situation et du caractère particulier de sa physionomie, qui semble toute empreinte de vigueur et d’originalité. Qui a vu le lac Saint-Mathieu en garde longtemps le souvenir. Il est certains traits de physionomie qui, quoique aperçus souvent comme à la dérobée, laissent dans la mémoire une empreinte qui se dessine et s’accentue de plus en plus avec le temps ; le lac Saint-Mathieu est de ceux-là, comme le Témiscouata, comme le Témiscamingue, comme le lac Archambault dans les cantons du nord de Montréal, comme le lac Saint-Jean enfin, pour ne mentionner que les privilégiés. Leur aspect donne à l’esprit et au cœur une jouissance réelle, et quand on ne les a plus sous les yeux, la pensée, s’y reporte d’elle-même avec plaisir et l’on aime à les dépeindre pour en ressusciter et en rafraîchir l’image.

Malgré tous ces avantages la paroisse de Saint-Mathieu n’a pas rapidement progressé ; accusons-en encore ce lamentable fléau de l’émigration, qui décime toutes nos campagnes d’un bout à l’autre de la province. Néanmoins, ce fléau tend à diminuer quelque peu dans la paroisse de Saint-Mathieu ; la population s’y élève actuellement à près de mille âmes, mais les jeunes gens, malheureusement, y manifestent un goût de moins en moins prononcé pour la culture ; ils préfèrent