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semble invisible ? Mais cependant, que l’on domine un instant la première impression, la première sensation de terreur ou d’éloignement, et que l’on ose approcher ; les plus agréables et les plus ravissantes surprises vous attendent. Dépouillant à demi leur physionomie sauvage, les monts semblent vous accueillir et vous offrir un asile dans les nombreuses baies et criques qui découpent leurs flancs ; les formes gracieuses de ces baies, leurs contours riants et lumineux, éclairés d’un jour d’été, resplendissants dans leur parure de verdure fraîche, offrent le plus attrayant des contrastes ; on dirait des sourires d’enfants sur des figures de monstres.

Les innombrables accidents de terrain font naître les imprévus les plus saisissants, les aspects pittoresques les plus variés et les plus inattendus. Loin d’être inaccessibles, les rivages s’abaissent doucement et harmonieusement sous les pas ; en arrière d’eux parfois se dessinent de légères et flexibles croupes, comme des veines gonflées de la terre ; ce sont des coteaux, de quelques mètres à peine de hauteur, d’un admirable dessin, qui offrent leurs sommets arrondis à la demeure de l’homme et se prêtent avec la plus grande docilité à la culture. D’autres fois les montagnes, laissant entre elles de tranquilles et larges intervalles, permettent au terrain de s’étendre librement et de