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que le pays soit d’aspect montagneux ; mais, nous l’avons dit déjà, il n’y a pas à proprement parler de chaînes de montagnes sur la rive sud du Saint-Laurent, mais simplement des élévations plus ou moins considérables, que la charrue peut attaquer avec succès. Il faut en exempter cependant, de temps à autre, certains endroits où la nature s’est livrée à des caprices surprenants et où elle a imprimé le cachet de fantastique grandeur et d’apparence formidable qui est propre à notre pays. C’est ainsi que la paroisse de Saint-Fabien, ici même où nous sommes, s’est dérobée à la vue du fleuve Saint-Laurent et comme protégée contre lui par une énorme masse de rochers, de cinq à six cents pieds de hauteur, qui bordent tout le littoral, qui tombent perpendiculairement dans le fleuve, suivant les formes les plus variées et les plus saisissantes, et que l’on a appelés pour cette raison les « murailles de Saint-Fabien. » Quiconque n’a pas vu les murailles de Saint-Fabien ne connaît pas l’une des structures granitiques les plus grandioses de notre pays, et cependant, aucune description n’en a encore été donnée, aucune mention n’en a été faite, si ce n’est dans un rapport accompagné de plans descriptifs, qu’avait élaboré jadis monsieur Michaud, ingénieur au service du gouvernement fédéral. Malheureusement, ces rapports et ces plans ont été détruits dans l’incendie qui a consumé la