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En arrière du village proprement dit, jusqu’à fort loin dans l’intérieur, le long de la rivière, s’étend une petite vallée, qui pourrait contenir une dizaine de paroisses ; or, il n’y en a qu’une couple d’établies, parce que les cultivateurs n’ont pas un marché suffisant pour leurs produits ou pour le bois. Si les cultivateurs pouvaient être certains de réaliser des bénéfices en proportion de leur travail, ils paieraient eux-mêmes au comptant tous leurs achats ; le commerce local recevrait une impulsion extraordinaire, l’élevage deviendrait une source de richesse, on pourrait établir des filatures et, les travaux du havre aidant, toute la population de Matane, qui est remarquablement éveillée, entendue et active, trouverait de l’occupation et des profits à réaliser toute l’année ; non seulement elle ne serait plus appauvrie et diminuée par l’émigration, mais encore elle augmenterait considérablement et rapidement.

Encore ici, les patates ne se vendent que vingt centins le minot, quand elles se vendent cinquante et soixante centins dans le voisinage de l’Intercolonial, et malgré tout, des habitants de Matane y font quelque profit. Que serait-ce donc s’ils les vendaient trois fois plus cher et s’ils étaient assurés d’en vendre trois, quatre et cinq fois plus, comme cela se fait à Sainte-Flavie et à Sainte-Luce ?